Combiner l’application d’herbicide avec un ou plusieurs passages mécaniques s’orchestre finement. « C’est une stratégie envisageable en agriculture conventionnelle, indique Ludovic Bonin, d’Arvalis, sur des parcelles à salissement faible à moyen. » Les stratégies possibles sont multiples, puisque les interventions mécaniques sont raisonnées en fonction des conditions (état du sol, stades de la culture, type et stade des adventices). Elles se divisent en deux grands types, qui ont été testés par l’Itab et Arvalis (1).

Prendre en compteles résistances

Une partie des stratégies se base sur un contrôle mécanique précoce (voir infographie, en jaune ) avec rattrapage chimique. « Le nombre de passage en mécanique dépend des opportunités, rappelle Ludovic Bonin, et plus ils sont répétés, meilleure sera l’efficacité. »

Au niveau visuel, si voir son blé « recouvert » après passage de l’outil en postlevée précoce peut faire peur, la majorité des pieds tiennent le coup, et semer 10 à 15 % de grain en plus permet de compenser les pertes éventuelles. La stratégie « mécanique puis chimique » fonctionne bien avec des flores dicotylédones à l’automne. Cependant, elle fait courir le risque d’un rattrapage chimique sur des adventices trop développées (donc d’une chute d’efficacité), et n’est pas adaptée aux flores qui résistent aux herbicides de sortie d’hiver.

Dans de telles situations (voir encadré ci-dessous), le recours à un herbicide d’automne, complété par le passage d’outils mécaniques est intéressant. Dans les essais Arvalis-Itab, il a réduit la proportion d’adventices de 85 à 98 % selon les situations (voir infographie, en vert). Ce même schéma (herbicide puis mécanique) mis en œuvre en sortie d’hiver (voir infographie, en marron) a, lui, été moins satisfaisant (efficacité inférieure à 70 %).

S’agissant du choix des outils, la bineuse est intéressante en termes d’efficacité car elle permet de déraciner des adventices à des stades plus avancés qu’une herse. Elle a cependant un débit de chantier trois à quatre fois plus faible qu’une herse. Son utilisation est aussi à prévoir dès le semis, puisque la largeur des inter-rangs doit être adaptée pour le passage de l’outil. À ce titre, des essais menés par Arvalis ont permis d’établir « qu’à densité de semis égale, l’écartement de l’inter-rangs peut être augmenté jusqu’à 20-25 cm sans que le rendement ne soit impacté », indique Ludovic Bonin. De quoi bousculer, en plus des habitudes de pratiques, l’aspect visuel des champs de blé.

(1) Projet Casdar « Optimiser et promouvoir le désherbage mécanique en grandes cultures ».