« Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a du cerf sur l’Aubrac ! », s’exclamait la fédération de chasse de l’Aveyron, en décembre 2022, à l’issue des comptages. Et les chasseurs ne sont pas les seuls à s’en rendre compte : de nombreux agriculteurs en souffrent. Ainsi, selon une étude que vient de diffuser le parc naturel régional (PNR) de l’Aubrac, les éleveurs du sud de l’Aubrac ont perdu 27 % de leur herbe.

Des pertes d’herbe mesurées sur le terrain

« Notre étude porte sur les quatre dernières années, jusqu’à juillet 2023, détaille Marieke Paardekooper, chargée de mission au parc naturel régional. Nous avons mis en place 34 enclos-exclos sur le territoire. Ce dispositif est composé d’une zone grillagée où les cervidés sont exclus et d’une autre restant ouverte, et on mesure le poids du foin. La perte moyenne de 27 % n’est pas négligeable, quand on la compare au seuil de déclenchement du régime des calamités agricoles qui est de 30 % de pertes de rendement. »

Plan de chasse

« C’est une calamité perpétuelle et tout le monde se dédouane », tranche Benoît Fagegaltier, vice-président de la FDSEA et de la chambre d’agriculture. « En 2023, chez moi, c’est 36 % de pertes. Ce n’est pas énorme, parce que chez des collègues, ça va à 80 % sur certaines parcelles ! regrette Benoît Serres, éleveur à Prades. Les biches mangent l’herbe et nous, on doit ensuite acheter ce qui manque. »

« Il y a les pertes de fourrages et il y a le côté sanitaire, abonde Mathieu Anglade, président de l’association Agriculture en Aubrac. Nous avons beaucoup de bêtes qui se retardent pour les vêlages. Est-ce que ça a un rapport avec les biches ? Des cervidés, il en faut… mais pas autant. »

Une solution qui semble convenir à tous paraît avoir été trouvée. Depuis l’an dernier, explique Mathieu Anglade, également chasseur, « les plans de chasse ont été augmentés. Et, après certaines battues, des biches sont données aux Restos du Cœur et à des maisons de retraite du territoire. La situation évolue et on verra si ça suffit. Mais il a fallu cinq ans de grosses pertes pour qu’on nous entende. »