Le Conseil administratif de défense économique (Cade) brésilien a annoncé le lundi 18 août 2025 la suspension, à titre provisoire, d’un moratoire de grandes entreprises s’engageant à ne pas acheter de soja provenant de terres déboisées en Amazonie. L’organisation publique, en charge de la régulation de la concurrence dans le pays, a estimé que le moratoire datant de 2006 « constitue un accord de non-compétition entre concurrents qui nuit aux exportations de soja ».
Une trentaine d’entreprises exportatrices de soja signataires du moratoire, dont des géants mondiaux comme l’américain Cargill ou le français Louis Dreyfus, ont ainsi dix jours pour en sortir, sous peine de lourdes amendes. Le Cade a décidé d’ouvrir une « procédure administrative » contre ces sociétés, après avoir été saisi par la commission de l’agriculture de la chambre des députés.
Sous la pression de l’Europe
Le moratoire avait été signé en 2006 par des représentants de l’industrie du soja, sous pression notamment du marché européen face à la hausse de la déforestation en Amazonie. Les signataires s’engageaient à ne pas acheter de soja provenant de terres déboisées à partir de 2008 dans la plus grande forêt tropicale de la planète.
Sa suspension a suscité un tollé chez des ONG comme Mighty Earth, pour qui cela « ouvre la voie vers encore plus de déforestation dans un des écosystèmes les plus vitaux de la planète ». « C’est inconcevable que le moratoire ait été suspendu à trois mois de la Cop 30 », la conférence de l’ONU sur le climat, qui aura lieu en novembre dans la ville amazonienne de Belem, déplore pour sa part Cristiane Mazetti, représentante de Greenpeace au Brésil, citée dans un communiqué.
Cette suspension « stimule la déforestation et […] prive les consommateurs du choix de produits qui ne contribuent pas à la destruction de l’Amazonie », reprend-elle. Selon plusieurs ONG, la déforestation a chuté de 69 % de 2009 à 2022 dans les zones concernées par le moratoire.
La décision du Cade a en revanche été saluée par l’Association des producteurs de soja de l’État amazonien du Mato Grosso (centre-ouest), qui parle d’un « tournant historique dans la défense de la libre concurrence ».