Parmi les matières premières importées pouvant contribuer à la déforestation par le monde, « le soja a la plus grande empreinte en termes de surface ». Selon le ministère de la Transition écologique, 60 % de ces importations proviennent du Brésil.

 

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Une priorité de la présidence française

La France veut faire de la déforestation importée une priorité lors de sa présidence de l’Union européenne qui débutera le 1er janvier 2022 pour une période de six mois. Le 17 novembre 2021, la Commission européenne a présenté une réglementation pour interdire dans l’Union européenne l’importation de soja, bœuf, huile de palme, bois, cacao, café, ainsi que certains produits dérivés (cuir, ameublement…), quand ils contribuent à la déforestation.

 

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« Ce règlement est très ambitieux, nous le porterons comme une priorité de la présidence française de l’Union européenne », annonce Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité.

 

En 2018, la France s’est engagée à mettre fin d’ici à 2030 à la déforestation liée à l’importation de produits y contribuant dans les filières du cacao, de l’hévéa, du soja, de l’huile de palme, du bois et de ses produits dérivés, du bœuf et des produits tirés du bœuf.

Un outil pour les distributeurs

La France est un « des premiers pays à avoir mis en œuvre des outils pour définir les produits et les zones à risque », ajoute Bérangère Abba. « Cela nécessitait des outils satellitaires, nous les avons et nous pouvons à présent les croiser avec les données douanières » anonymisées pour respecter le secret commercial.

 

Un outil a notamment été mis au point concernant la filière du soja, en coopération avec des ONG. Il sera disponible à partir du 29 novembre 2021 sur le site www.deforestationimportee.fr. « Initialement disponible pour les importations directes du Brésil, (cet outil) sera étendu progressivement à d’autres pays et produits de base et mis à jour chaque année », précise le ministère.

 

Avec cet outil, « on voit que des moyens commencent à être débloqués », a salué Sylvain Angerand, de l’ONG Canopée, qui y a contribué, lors d’une conférence de presse le 24 novembre 2021 à Paris.

 

Le but de cet outil est « d’amener de la transparence à l’utilisateur final de soja, la distribution ou les industriels, pour garantir au consommateur que ce qu’il achète comme produit ne contribue pas à la déforestation », a complété Thomas Sembres, de l’Institut européen des forêts.

 

Des distributeurs, comme Carrefour, Auchan, Lidl, des industriels comme Herta ou LDC ont signé un manifeste « pour lutter contre la déforestation importée liée au soja ». Il manque encore les importateurs de soja ou les acteurs de la restauration à domicile et le secteur de la finance, a souligné Sylvain Angerand.

Une stratégie européenne

Lors de la présentation de la stratégie de la Commission européenne, des associations écologistes ont déploré qu’elle ne concerne pas le maïs ou le caoutchouc et ne porte que sur les forêts, pas sur les savanes ou les zones humides, également détruites au profit de l’agriculture. Cette stratégie doit encore être validée par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne.

 

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