Le printemps est de retour et avec lui les cultures en fleurs et la cohorte d’insectes pollinisateurs. Mais la reprise de végétation est aussi synonyme de conditions météo plus favorables à certains bioagresseurs (insectes, maladies…). L’emploi des pesticides durant la floraison est réglementé. Jusqu’à l’arrêté du 28 novembre 2003, seuls les insecticides et acaricides l’étaient au moment de la floraison et/ou en période de production d’exsudat. Il fallait utiliser des produits avec une « mention abeille » dans leur AMM (autorisation de mise sur le marché) en dehors de la présence d’abeilles.
Nouvel arrêté
Désormais, c’est l’arrêté du 20 novembre 2021, relatif à la protection des abeilles et des autres insectes pollinisateurs, qui fait foi.
Les insecticides et acaricides porteurs de la mention abeilles sont toujours employés en floraison jusqu’au renouvellement de leur AMM. Tous les autres types de produits (fongicides, herbicides, adjuvants…, à l’exception des éclaircissants) doivent disposer d’une autorisation spécifique. Depuis début 2022, les firmes ont un délai de 30 ou 48 mois pour déposer leur demande, en fonction de la date d’expiration prévisionnelle de l’AMM. Dans l’intervalle, les spécialités restent utilisables dans le respect des conditions, notamment horaires. Le texte prévoit qu’en présence d’une culture dite attractive (lire l’encadré) à floraison ou si l’application concerne une zone de butinage (1), le produit sera appliqué dans les 2 heures précédant le coucher du soleil et jusqu’à 3 heures après.
Des adaptations sont toutefois possibles. Notamment lorsque le traitement vise des nuisibles dont l’activité se fait seulement en journée (comme les bruches). Autre exception : lorsque la plage horaire de 5 heures est incompatible avec la mise en œuvre rapide de l’application d’un fongicide, compte tenu du développement d’une maladie. Une application dans le cadre d’un arrêté de lutte obligatoire est un autre cas de figure possible. À titre temporaire, la réalisation de traitements sans contrainte horaire, à condition que la température soit suffisamment basse pour éviter la présence d’abeilles, est aussi tolérée jusqu’au 20 juillet 2022.
Sur le registre
Il faudra noter dans le registre phytopharmaceutique l’heure de début et de fin du traitement, la température, et le motif ayant motivé cette intervention en dehors de la période prévue.
Concernant la température en dessous de laquelle il n’y a pas d’activité de butinage, le texte demeure flou, et nous n’avions pas de précision du ministère de l’Agriculture à l’heure du bouclage. La bibliographie n’est pas beaucoup plus explicite, même s’il est établi que pour les abeilles domestiques le seuil serait d’environ 12 °C en tenant compte de la luminosité, de l’humidité…
Soyez donc prudent et vérifiez l’absence d’insectes pollinisateurs avant tout traitement.
Céline Fricotté
(1) Correspond aux espaces agricoles et non-agricoles qui présentent un intérêt pour les pollinisateurs, à l’exclusion de cultures en production.