Intensification de l’agriculture, changement du couvert forestier, urbanisation et changement climatique : pour la première fois, une équipe de chercheurs a hiérarchisé les impacts de ces facteurs sur le déclin européen des oiseaux constaté entre 1986 et 2016. Les travaux (lien en anglais), dirigés par deux scientifiques du CNRS et un doctorant de l’Université de Montpellier, ont été publiés le 15 mai 2023 dans la revue scientifique PNAS.
Les dépenses en engrais et phytos pour caractériser l’intensivité
« L’agriculture intensive est la principale pression associée au déclin des populations d’oiseaux », conclut le CNRS dans un communiqué. Si l’institut souligne que les oiseaux souffrent du « cocktail » de ces pressions, il affirme que « les recherches montrent que l’effet néfaste dominant est celui de l’intensification de l’agriculture ».
Notons que l’intensification de l’agriculture a été caractérisée en suivant l’évolution de la surface cultivée par des exploitations dites « à forte consommation d’intrants ». Elles sont définies comme celles qui dépensent le plus dans les intrants (engrais et produits phytosanitaires) rapporté à leur surface. Le CNRS estime que les « engrais et pesticides peuvent perturber l’équilibre de toute la chaîne alimentaire d’un écosystème ».
La seconde pression la plus importante est celle de la hausse globale des températures, selon le CNRS.
–60 % d’oiseaux des milieux agricoles
Les données recueillies ont permis d’établir que « le nombre d’oiseaux a décliné de 25 % en 40 ans sur le continent européen, voire de près de 60 % pour les espèces des milieux agricoles », précise le CNRS. Il souligne également que l’étude se base sur « le jeu de données le plus complet jamais réuni ».
Pour la Ligue de protection des oiseaux (LPO), le constat est « sans surprise ». L’association « dénonce les errances de ce modèle agricole » et « un échec complet des politiques publiques nationales et européennes ».