Personne ne l’avait vue venir : la récolte de noix de 2022 a été exceptionnelle dans le Sud-Est. « C’est du jamais vu : 40 % de plus qu’une année normale et de très bonne qualité, affirme Jean-Claude Darlet, président de la chambre d’agriculture de l’Isère et nuciculteur sur 20 ha. Cela a été une telle surprise que les metteurs sur le marché n’étaient pas préparés. De plus, les consommateurs ont réduit leurs achats de noix de 20 % sur l’automne-hiver 2022, autant en grandes et moyennes surfaces qu’en circuit court, à cause de la baisse du pouvoir d’achat. » D’importants stocks dorment donc dans les fermes et les coopératives, qui devront libérer leurs chambres froides avant la récolte des fruits d’été. 

Concurrence

La fragilité de la filière, peu visible lorsque la production est plus faible, éclate au grand jour. « Les deux tiers des noix sont exportées et se retrouvent en concurrence avec des noix d’autres origines moins chères, explique l’élu. A l’inverse, l’industrie agroalimentaire importe des cerneaux de l’étranger. Ensuite, le produit fini s’affiche parfois sous le drapeau tricolore : c’est inacceptable ! »

Si le prix en magasin a peu bougé, celui payé aux producteurs a chuté. Selon le représentant professionnel, il oscille entre 1 et 1,8 €/kg, pour un coût de production allant de 1,5 à 2,5 €/kg selon les investissements réalisés dans les fermes. Si la hausse de 40 % de production peut théoriquement compenser le recul des prix, encore faut-il pouvoir vendre. La filière réclame des aides au stockage et à la promotion, qui pourraient s’appuyer sur les atouts santé de la noix (riche en oméga 3).

Désencombrer le marché

Dans l’urgence, la question se pose de retirer du marché une partie des volumes pour le désencombrer. La décision ne peut être prise qu’en concertation avec les producteurs du Sud-Ouest. Mais la prudence reste de mise, en raison des aléas sanitaires et météorologiques. « Si 2023 donne une petite récolte, on sera contents d’avoir des stocks de bonne qualité », admet Jean-Claude Darlet.