Entre le monde agricole et le secteur de la surveillance de la qualité de l'air, la coopération a débuté il y a une dizaine d'années. Sur le sujet s'est tenu, le mardi 17 janvier 2023, le deuxième colloque coorganisé par les Chambres d'agriculture et Atmo France, structure qui fédère les associations agréées pour la surveillance de la qualité de l'air (Aasqa).

Deux enjeux pour le monde agricole

"En cinq ans, nous avons franchi un tas d'étapes, et avons fait un vrai bout de chemin", a déclaré Guy Bergé, président d'Atmo France. Deux grands enjeux se détachent pour le monde agricole : le transfert des produits phytosanitaires et les émissions d'ammoniac. Sur le sujet des transferts des produits phytosanitaires dans l'air, "il est important de collaborer pour que la profession agricole puisse appréhender les données, qui sont complexes", a déclaré Emmanuelle Drab-Sommesous, référente nationale en pesticides à Atmo France.

Des travaux ont récemment apporté des données nouvelles. Le programme Repp'air (2018-2020) a permis d'identifier les pratiques agricoles limitant les risques de transfert. Choix et réglages du matériel, haies, adjuvants, pratiques alternatives... des fiches techniques ont été éditées. "Nous avons des leviers pour agir, mais nous n'avons pas encore toute la connaissance", a estimé Laurent Rouyer, président de la chambre d'agriculture de la Meurthe-et-Moselle. Une première campagne nationale de mesure des résidus de pesticides dans l’air extérieur a également été réalisée entre 2018 et 2019. Les résultats ont abouti à la mise en place d'un suivi national annuel depuis 2021.  

Les émissions d'ammoniac

Précurseur de particules fines, l'ammoniac (NH3) est principalement émis par le secteur de l'élevage et par la volatilisation des engrais azotés (minéraux et organiques). La France a un objectif contraignant : baisser de 13% ses émissions d'ammoniac d'ici à 2030, par rapport au niveau de 2005. Pour l'heure, ces émissions baissent peu ou pas du tout, a souligné Alain Laplanche, membre du bureau d'Atmo France. Il a également souligné que la réglementation européenne sur les particules fines "est en train de se durcir".

Couverture de fosse, utilisation de pendillards, incorporation au sol, forme de l'engrais (1)... des leviers existent pour limiter la volatilisation. "On a la possibilité de bien avancer sur le sujet et de diminuer les émissions", a estimé Edwige Kerboriou, vice-présidente de la chambre d'agriculture de la Bretagne et référente nationale pour la qualité de l'air. Elle appelle toutefois à la mise en place d'un soutien financier sur le sujet, les contraintes économiques des exploitations agricoles étant fortes.

Édité par l'Agence de la transition écologique (Ademe) et mis en ligne en septembre 2021, un guide des "bonnes pratiques" agricoles a été élaboré pour réduire les émissions d'ammoniac (NH3) et de particules fines.

(1) Les ammonitrates sont moins émissifs que la solution azotée et l'urée.