La Commission européenne, dans un rapport prospectif 2018-2030 publié le 7 décembre 2018, prévoit une augmentation de la production céréalière de l’Union européenne. Elle atteindrait 325 millions de tonnes d’ici à 2030. En cause, une légère augmentation de la demande en aliments du bétail, en particulier de maïs, des exportations modérées et des utilisations industrielles de plus en plus importantes.
Toutefois, cette embellie sera limitée par le potentiel restreint d’expansion de la zone et par le ralentissement de la croissance des rendements dans l’Union européenne. Les prix, en revanche, devraient rester relativement stables autour de 180 €/t pour le blé tendre à la fin de la période étudiée.
2018-2019 pénalisée par la sécheresse
Selon le Conseil international des céréales, la production céréalière mondiale en 2018-2019 devrait diminuer de 1 % par rapport à l’année précédente en raison des mauvaises conditions météorologiques dans certaines régions pour atteindre 2 081 Mt. Après cinq récoltes records consécutives, la production mondiale de blé chuterait de 6 % par rapport à l’année précédente.
De même, les dernières estimations indiquent que la sécheresse plombera la récolte de céréales de l’Union européenne. Proche de 283 millions de tonnes, elle devrait être inférieure de plus de 8 % à la moyenne quinquennale.
- La production communautaire de blé est estimée à 127 Mt, soit le niveau le plus bas depuis six ans (–10 % par rapport à l’année dernière).
- Celle d’orge a été affectée par la météo, mais dans une moindre mesure. Elle a atteint 57 Mt (–4 % par rapport à l’année dernière).
- Celle de maïs grain devrait aussi diminuer (–6 % par rapport à l’an passé) à 62 Mt.
- Les autres céréales, telles que le seigle et le triticale, ont également pâti des conditions météorologiques difficiles.
Maïs et blé au coude à coude
La demande céréalière de l’Union européenne devrait augmenter de 4 % d’ici à 2030 par rapport à la moyenne 2016-2018. Le marché de l’alimentation animale reste le principal débouché en termes de volume. En raison de son prix favorable, le maïs sera préféré aux autres céréales, avec une croissance annuelle de 0,5 %.
Le blé est utilisé à parts égales en alimentation humaine et animale. Dans l’Union européenne, la consommation de pain issu de l’agriculture conventionnelle baisse (contrairement au bio), passant de 66 kg par habitant en 2007 à moins de 60 kg chez 2017. Les produits transformés, tels que gâteaux, pâtisseries, barres de céréales et pizzas, sont en revanche davantage consommés.
L’utilisation industrielle devrait connaître la croissance la plus dynamique. Avec le développement de la bioéconomie, les utilisations industrielles (principalement dans l’industrie amidonnière) augmenteront encore, donnant une impulsion au blé et au maïs. Ce dernier bénéficiera également d’une croissance modérée de la demande en isoglucose. Les utilisations industrielles de l’orge concernent principalement l’orge brassicole seront en baisse (consommation de bière en berne).
Des exportations à la hausse
Les perspectives d’exportations de céréales de l’Union européenne sont positives, +35 % par rapport à la moyenne sur 2016-2018. Les opportunités pour le blé se concentrent essentiellement sur la Méditerranée, l’Afrique subsaharienne et les pays du Golfe.
Compte tenu de ses prix compétitifs, l’Union européenne devrait augmenter sa part dans les exportations mondiales de blé de 14 % en 2016-2018 à environ 17 % en 2030. Mais il ne faudra pas négliger la concurrence accrue de la mer Noire (Russie, Ukraine, Kazakhstan).
Des prix toujours soutenus
Les prix des céréales européennes devraient certes rester au-dessus de la moyenne à long terme, à 168-180 €/t en 2030, mais ils pourraient être impactés par la réévaluation attendue de l’euro par rapport au dollar américain à partir de 2020.
Puis à compter de 2022, tous les prix montrent une trajectoire ascendante. Cela peut être lié aux coûts croissants de l’énergie et des intrants dans la seconde moitié de la période de prévision.
Destination 2030
La production et l’utilisation de céréales sont stables avec une demande croissante à des fins industrielles. La production totale de l’Union européenne de blé tendre, d’orge et de maïs devrait passer de 258 Mt/an en moyenne sur 2016-2018, à 283 Mt en 2030.
La consommation intérieure devrait passer de 246 Mt à 257 Mt, ce qui laisse la possibilité d’accroître les exportations nettes de 13 Mt (moyenne 2016-2018) à 25 Mt 2030. Cela découle principalement de la croissance des exportations nettes de blé tendre, partiellement compensée par une augmentation des importations nettes de maïs.