Le locataire de la Maison Blanche a dans un tweet affirmé que les fermiers américains bénéficieraient « très MASSIVEMENT et RAPIDEMENT » de l’accord conclu samedi avec le président chinois Xi Jiping en marge du G20. Pékin s’est engagé, selon les États-Unis, à acheter un montant très substantiel de produits américains, notamment agricoles.

La Maison blanche optimiste

Un conseiller économique du président Trump, Larry Kudlow, a affirmé lundi s’attendre à ce que la Chine lève « rapidement » ses droits de douane sur les produits agricoles, sans donner plus de détails. Les taxes punitives imposées depuis juillet par Pékin sur plusieurs denrées américaines ont pénalisé certains agriculteurs, à commencer par les producteurs de soja.

Selon l’administration, les exportations de soja américain en Chine entre le 1er septembre et le 22 novembre ont atteint 339 000 t, contre 14,98 millions de tonnes sur la même période l’an dernier. Et même si d’autres pays ont profité de la baisse des prix du soja américain pour augmenter leurs achats, ils sont loin d’avoir compensé les pertes chinoises.

Des exportations de soja en chute libre

Bilan, le total des exportations américaines sur le même laps de temps a atteint 11,91 millions de tonnes, contre 21,02 millions en 2017. La détente entre les États-Unis et la Chine a été accueillie avec « soulagement » par l’Association américaine des producteurs de soja.

« C’est la première nouvelle positive que nous entendons après des mois de baisse des prix et de cargaisons suspendues », a souligné son président, John Heisdorffer, lui-même producteur de soja à Keota, dans l’Iowa. Si les discussions entre les deux pays « mènent à un accord à plus long terme, cela sera extrêmement positif pour l’industrie du soja », a-t-il ajouté.

Les prix du soja se redressaient à la Bourse de Chicago lundi. Mais faute de détails, d’autres acteurs du secteur restaient sur leurs gardes. « On n’a ni chiffre, ni calendrier » sur les promesses annoncées, remarque David Salmonsen, spécialiste du commerce pour l’American Farm Bureau, syndicat agricole aux États-Unis.

Dans l’attente des commandes

Les agriculteurs américains ne verront aucun changement « tant que les entreprises chinoises ne passeront pas des commandes », insiste-t-il. Or « cet automne, elles n’ont pratiquement rien acheté », rappelle le spécialiste, soulignant que la grande partie des contrats sont généralement signés entre octobre et mars.

Pour Chad Hart, économiste spécialisé dans l’agriculture à l’université de l’Iowa, « tout repose en fait sur les bonnes paroles des deux présidents. Il est possible qu’on voit dans les jours à venir quelques commandes en provenance de la Chine, probablement par des entités dépendantes du gouvernement et destinées aux réserves étatiques. Mais pas par des sociétés privées. »

L’accord scellé avec la Chine « n’est pas une avancée », estime Andrew Jerome, porte-parole du National Farmers Union, un autre syndicat agricole. Au mieux, « ils ont fait une pause dans l’escalade » des sanctions. « Aucune taxe à l’importation n’a été éliminée, aucune des politiques commerciales chinoises malhonnêtes n’a été remise en cause et, probablement le plus important, nous avons perdu notre réputation en tant que partenaire commerciale fiable. »

AFP