Le maïs et les oléagineux affichent des baisses de prix cette semaine, poussés vers le bas par les mauvaises ventes US et les difficultés sino-américaines, et par la révision à la hausse de la récolte de colza au Canada également. Au contraire, le blé et l’orge repartent à la hausse malgré la progression de l’euro.

Les prix du blé repartent à la hausse

Les prix du blé ont gagné environ 4 €/t sur le marché intérieur (à 199 €/t à Rouen et La Pallice en base juillet) malgré la nette remontée de l’euro face au dollar (1,176 contre 1,169 la semaine dernière). Cette remontée a été alimentée par plusieurs facteurs.

Tout d’abord, les estimations de production toujours et encore : après la révision à la hausse par l’USDA (le ministère de l’Agriculture américain) de la récolte russe la semaine dernière à 71 millions de tonnes (Mt), la poursuite des opérations et des chiffres officiels russes pour certaines régions conduisent plutôt les analystes locaux à réviser leur prévision. Le niveau de 69 Mt semble plus proche de leurs points de vue.

En Australie, il a gelé récemment dans l’Ouest où les perspectives de production étaient bonnes. Pas de catastrophe mais un élément qui vient noircir encore le tableau australien (après la très grave sécheresse de l’Est). Il fait sec actuellement dans le sud de la Russie et cela inquiète pour les semis d’hiver. Enfin, quelques dommages liés à la sécheresse ont aussi été rapportés cette semaine en Argentine (très localisés).

Comme les prix européens, les autres origines mondiales ont reflété ces évolutions : les prix des blés meuniers russes (à 12,5 % de protéine) ont gagné 14 $/t à 228 $/t Fob et les prix US ont augmenté de 2 à 6 $/t selon leur qualité. En Europe toutefois, il fait sec aussi mais cela pourrait conduire à une augmentation des surfaces de blé cet automne faisant suite à la baisse des semis de colza.

L’Égypte, la Turquie… et la Russie font monter les prix

Mais les niveaux de récolte n’ont pas été le seul facteur haussier au cours de cette semaine : la crainte lancinante des opérateurs de voir la Russie restreindre ou stopper ses ventes a été de nouveau ravivée à la suite d’une décision technique du pays de renforcer les contrôles sanitaires dans les ports. Le gouvernement a mis en avant des plaintes d’importateurs pour justifier ces mesures qui ralentissent les sorties, mais certains opérateurs se demandent s’il ne s’agit pas de mesures cachées pour commencer à freiner les exportations.

Autre facteur haussier encore : vu la baisse récente des prix, beaucoup d’acheteurs se sont manifestés sur le marché. Après son achat de la semaine dernière, l’Égypte a de nouveau acheté 415 000 tonnes de blé russe et 60 000 tonnes de blé ukrainien, la Tunisie a acheté 67 000 tonnes et l’Arabie 630 000 tonnes de blé d’origine optionnelle. La Syrie, enfin, a acheté 200 000 tonnes de blé russe et la Turquie a lancé un appel d’offres pour 252 000 tonnes de blé.

L’orge repart aussi

Les prix des orges fourragères continuent de suivre le blé, à la hausse cette fois-ci. Les orges françaises regagnent 3 €/t à Rouen et en Moselle (à 200 et 194 €/t en base juillet). En dehors de l’impact exercé par le blé, elles sont poussées vers le haut par le renforcement de l’euro et probablement la couverture d’achats réalisés par l’Arabie. Comme sur le marché du blé tendre, les acheteurs sont très présents actuellement : après l’Arabie la semaine dernière, la Jordanie, l’Algérie et la Tunisie ont acheté de l’orge sur le marché mondial cette semaine (60 000, 75 000 et 50 000 tonnes respectivement). Il est à noter désormais, qu’avec la hausse de l’euro, les orges européennes se retrouvent de nouveau plus chères que les orges de la mer Noire. Cela pourrait stopper la progression des prix à court terme, mais la situation mondiale restant tendue, c’est plutôt un renchérissement de concert de toutes les origines qui est attendu à moyen terme.

Sur le créneau brassicole, les prix se sont stabilisés à 208 €/t pour les orges d’hiver et 231 €/t pour les orges de printemps. La situation brassicole est tendue cette année en Europe pour l’orge de printemps et cela ne permet pas aux prix des orges de printemps de rester de marbre quand les valeurs fourragères grimpent. Il est même probable que la prime des orges de printemps par rapport aux orges fourragères s’accroisse encore dans les mois à venir.

Le maïs à contre-courant

Comme la semaine dernière, l’orientation reste baissière en maïs. Les maïs français perdent 4 €/t sur le Rhin (à 165 €/t en base juillet) et 7 €/t sur la façade atlantique (à 176,75 €/t).

Malgré les mauvais résultats de la récolte française et les énormes transferts de surface du maïs « grain » vers le maïs « ensilage » (cette semaine, l’antenne Mars de la Commission européenne a publié une nouvelle estimation revue à la baisse des rendements de maïs européens), les prix baissent sous l’impulsion des bons résultats dans le sud de l’UE mais aussi en Ukraine. Dans ce pays, la récolte avance et les rendements sont bons. Enfin, la récolte de maïs est lancée aux USA et les perspectives de récolte demeurent élevées. En fonction des rapports de prix actuels et des disponibilités mondiales, l’UE est partie pour importer des tonnages très importants de maïs cette année.

La pluviométrie du Canada favorable aux cultures pèse sur les prix du colza

Les cotations du colza continuent de reculer. Le rendu Rouen cède 4 €/t cette semaine tandis que le FOB Moselle recule de 2 €/t. Sur Euronext, l’affaissement des prix est plus important avec une baisse de 15 €/t en une semaine. L’influence baissière des huiles continue de peser sur les cours du colza. Les contrats à terme de l’huile de palme ont continué de chuter, tombant au niveau le plus bas depuis deux mois pour une livraison en décembre, les stocks continuant d’augmenter en raison d’exportations peu dynamiques.

Au Canada, les cours du canola reculent légèrement (–1 $CAN/t), mais augmentent en dollar US (de 2,7 $US) à la suite de la hausse du dollar canadien par rapport au dollar US. Après un été chaud et sec, les conditions humides du début de septembre devraient permettre un bon remplissage des graines. Cela nous a conduits à augmenter la prévision de récolte canadienne à 21,5 Mt, un niveau équivalent à la campagne précédente. StatCan (l’office statistique canadien) a aussi révisé à la hausse la production à 21 Mt en se basant sur des données satellitaires.

Selon le Saskatchewan Agriculture’s Weekly Crop Report, les conditions d’humidité se sont améliorées cette semaine dans la province où l’avancement de la récolte est à 44 %. La récolte canadienne est à suivre durant les prochaines semaines. Les conditions climatiques en fin de cycle auront un effet décisif sur le potentiel de rendement.

Les excellents résultats de récolte continuent de tirer le prix du tournesol à la baisse

Sous la pression de la récolte et la baisse des prix en mer Noire, le prix du tournesol cède 5 €/t à 307,5 €/t cette semaine à saint-Nazaire. La récolte est en cours dans les principaux pays producteurs. En France, les rendements ont été affectés par le déficit hydrique observé cet été. À l’inverse, la production est très bonne dans l’Europe du Sud-Est. En Ukraine, les travaux sont à 30 % achevés et les rendements s’annoncent très bons à ce stade.

Petit rebond du soja avec une demande à l’exportation dynamique

Les cours de soja ont nettement grimpé ce jeudi à 312,5 $/t (302 $/t la semaine dernière) après être tombés mardi à leur plus bas niveau depuis 2008. En effet, les prix US actuels sont désormais compétitifs sur toutes les destinations. Ce rebond est lié à des ventes des USA à l’exportation supérieures aux attentes cette semaine (plus de 920 000 t). De plus, le Brésil pourrait acheter du soja américain destiné à la trituration brésilienne, afin de remplacer les volumes partant à l’exportation vers la Chine, ce qui est inédit. Les produits de la trituration seront exportés vers la Chine, ce qui permettra aux triturateurs brésiliens de dégager des marges et à aux acheteurs chinois d’échapper de la taxe imposée par les USA.

Malgré les pluies attendues ce week-end aux États-Unis qui pourraient ralentir le rythme de moisson, la production états-unienne est toujours attendue à un niveau record. D’autre part, la guerre commerciale continue de peser sur les prix et sur les flux commerciaux, la Chine cherchant toujours du soja de différentes origines hors US. Bien que le soja US soit actuellement compétitif rendu Chine, même en tenant compte de la taxe à 28 %, les opérateurs chinois ne se fournissent toujours pas aux USA, craignant des complications non-tarifaires à l’arrivée des bateaux dans les ports.

Baisse des prix des tourteaux de soja à Montoir en raison d’une trituration dynamique

Le prix des tourteaux de soja est stable à Chicago sur une semaine à 343 $/t. Les cours ont fluctué au cours de la semaine, ils ont suivi la baisse de la graine mardi et atteint un niveau minimum de 331 $/t mais ont rebondi légèrement mercredi et jeudi. À Montoir, les tourteaux de soja ont nettement reculé de 11 €/t, à 336 €/t sur une semaine. Les prix sont maintenant à un niveau proche de celui de la fin d’août au début de juillet. En effet, l’augmentation de la semaine dernière était liée à une demande élevée. Dans les prochaines semaines, le prix des tourteaux devrait suivre les variations des cours des graines.

À SUIVRE : compétition UE – mer Noire en orge, rythme des exports russes en blé, conflit US-Chine, récolte de maïs et soja aux USA, récolte de canola au Canada, évolution des assolements en France (avec les difficultés de semis et de développement du colza).

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