« La Russie est très présente à l’exportation sur le début de campagne, mais il est permis de penser que leur potentiel d’export est très amoindri. Celadevrait laisser de l’espace pour les exportations européens et français, sous réserve de la compétition avec l’Argentine. Elle pourrait être présente sur nos marchés traditionnels, comme le Maroc, dès le début de 2019 », a déclaré Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer.
Hors incident climatique, la production de blé en Argentine pourrait effectivement être meilleure que d’habitude. Bien qu’un déficit d’humidité ait été noté dans le nord du pays au début de la phase de croissance, les conditions de culture dans le centre et dans le sud du pays sont bonnes, avec des prévisions de production à 19,6 Mt (18,5 Mt en 2017-2018). « Les argentins ont raisonné leurs semis en fonction de la moindre présence de la Russie sur les marchés », a précisé Marc Zribi. La réintroduction d’une taxe à l’exportation pour les céréales, qui avait été supprimée en 2015, ne permettrait pas de compenser la dévaluation du peso argentin.
Optimisme pour l’exportation de blé français
Toujours dans l’hémisphère Sud, la situation en Australie est tout autre : le pays vit sa pire sécheresse depuis 50 ans. Les prévisions de production de 2018-2019 sont au plus bas depuis 11 ans, à 19,1 Mt (21,2 en 2017-2018). Dans le contexte mondial marqué par la sécheresse, « il y a une fenêtre de tir pour élargir les débouchés », estime Marc Zribi, qui reste optimiste pour les exportations françaises de blé tendre vers les pays tiers. FranceAgriMer les a estimées à 8,5 Mt en 2018-2019, contre 8,1 en 2017-2018. Les exportations intracommunautaires sont, quant à elles, estimées en baisse de 1,2 Mt, à 8,1 Mt.
Bilans également tendus en orges et maïs
Les bilans mondiaux sont tendus en blé, mais également en orges. La production mondiale est au plus bas depuis six ans, à 140 Mt, en baisse de 3,8 % par rapport à 2017-2018. Cette situation a mené à l’augmentation moyenne des cours de la céréale de 28 % à la fin de la campagne (+35 % en Europe et en France). La demande est forte en Chine, premier importateur mondial (+10 %) pour la deuxième année consécutive devant l’Arabie Saoudite.
« L’augmentation de l’utilisation du maïs en alimentation animale est à noter en France. Elle passe de 2,5 Mt en 2017-2018, à 3 Mt en 2018-2019. Cela s’explique par un effet prix qui fait privilégier le maïs au blé », explique Marc Zribi. Comme pour les autres céréales, le bilan mondial est tendu malgré une production record en Ukraine, en Argentine et au Brésil. Les prévisions d’exportation dans ces pays sont fortes pour 2018-2019, respectivement estimées à 23,2 Mt (+30,9 % par rapport à 2017-2018), 27,6 Mt (+7,9 %) et 25,6 Mt (–18 %). Les prix mondiaux sont en hausse de 10 % en moyenne à l’échelle mondiale par rapport à 2017-2018.