En douze mois, les choses ont bien changé. En juin 2018, plus d’un tiers du soja importé dans l’Union Européenne a poussé dans des champs américains. L’année dernière, à la même période, seulement 10 % des importations communautaire de soja provenaient des États-Unis. D’après le premier rapport bimensuel de la Commission sur l’état des échanges de soja entre l’Union européenne et les États-Unis, les importations auraient augmenté de près de 280 %.
À qui profite le crime ?
Dans une déclaration du 1er août 2018, le président de la Commission Jean-Claude Juncker estime que « C’est une situation gagnant-gagnant pour les citoyens européens et américains ». Actuellement, les prix du soja américain sont les plus bas du marché, et représentent, d’après le rapport précédemment cité, « une opportunité très intéressante pour l’alimentation animale chez les importateurs et utilisateurs européens. »
Dans la déclaration commune publiée le 25 juillet, Donald Trump et Jean-Claude Juncker assuraient vouloir s’engager à « réduire les barrières commerciales et développer le commerce dans les services, les produits chimiques, les produits pharmaceutiques, les produits médicaux, et le soja ». Rien ne semble alors garantir que l’accord persistera si le cours du soja américain remonte.
Une hausse au détriment de l’origine Amérique du Sud
Les Européens n’ont pas accentué leur dépendance, ils ont simplement changé de fournisseurs. D’après les données de la Commission, le volume total de graines est même légèrement inférieur à celui de l’année dernière.
C’est le Brésil, tout occupé à conquérir le marché chinois, qui perd près d’un tiers de son commerce avec l’Union européenne pour laisser la place aux Américains. Le Paraguay, autrefois bon second devant les États-Unis, nous a également envoyé 90 % de soja en moins.
Les États-Unis se placent sur le tourteau
Les importations de tourteaux de soja américain sont multipliées par 40 par rapport à l’année dernière. Là encore, la consommation de l’Union européenne reste stable.
Le Brésil, le Paraguay, mais également l’Argentine cèdent des parts conséquentes du marché aux États-Unis. Alors que ces derniers fournissaient très peu de tourteaux jusqu’alors, ils deviennent notre troisième fournisseur principal.
Dans un contexte de remontée des prix du soja, le prochain rapport attendu pour le milieu du mois d’août permettra d’évaluer la pertinence des engagements pris fin juillet, et de vérifier si tous les partenaires de cet accord demeurent gagnants.