Les prix ont rebondi cette semaine pour la plupart de valeurs céréalières européennes et mondiales sous l’impact des achats récents. Il est trop tôt pour dire s’il s’agit seulement d’une pause ou d’un redémarrage mais l’ampleur des volumes de blé russes et les bons résultats qui se dessinent pour le maïs américain laissent peu d’espoir haussier à court terme.

Yoyo aux États-Unis

Le rebond sur le marché mondial est très marqué pour les blés meuniers américains de bonne (HRW) et moyenne qualité (SRW). Ils se sont redressés de plus de 20 $/t après avoir chuté fortement la semaine dernière. Ces blés américains étaient descendus à des niveaux de prix qui les rendaient très compétitifs face à leurs concurrents européens notamment.

Cela a suscité des intérêts acheteurs et conduit au rebond de ces derniers jours, rebond renforcé aussi par la publication hier des premières estimations officielles canadiennes qui tablent sur une chute de 10 % de la récolte de blé tendre dans ce pays.

Rebond beaucoup plus modéré en France

Les valeurs européennes ont rebondi elles aussi, mais beaucoup moins nettement. Elles restent comprimées par leur manque de compétitivité et par un euro toujours fort. Les blés français se sont ainsi appréciés de 1 à 2 €/t sur l’ensemble des places : 154 €/t rendu Rouen contre 152 €/t la semaine dernière.

L’échéance décembre 2017 d’Euronext était cotée à 161,75 €/t le 31 août contre 160,5 €/t une semaine plus tôt. En plus de l’impact des valeurs américaines, les blés français ont probablement aussi été influencés par la très bonne qualité du millésime 2017, les volumes présentant des taux de protéines supérieurs à 12 % atteignant un record cette année (plus de 60 %).

Enfin, les valeurs actuelles ont plutôt tendance à ralentir l’ardeur des vendeurs et à susciter de la rétention ; cela commence aussi à soutenir les prix presque partout dans le monde…

L’exception russe

Les blés russes à 12,5 % de protéines ont, en ce qui les concerne, perdu de nouveau 2 $/t. Sur le marché mondial du blé meunier, ils restent les moins chers. Malgré cela, leur prix est comprimé par l’ampleur de la récolte russe qui se confirme aux alentours de 80 millions de tonnes.

On relève cette semaine un achat par l’Égypte de 250 000 tonnes de blé (dont 235 000 tonnes de blé russe et le reste en blé ukrainien), un achat de 590 000 tonnes par l’Algérie (origine optionnelle).

L’orge fourragère suit à la hausse

Les prix de l’orge ont continué de grimper cette semaine, gagnant entre 1 et 2 €/t sur le marché français. Ils restent soutenus par la demande mondiale, notamment de l’Arabie Saoudite et de la Chine. Les orges européennes ont aussi été influencées par la hausse du blé.

Faisant suite à cette remontée récente, les orges fourragères françaises se retrouvent maintenant plus chères que les orges de la mer Noire sur le marché mondial : 178 $/t Fob pour la France contre 176 $/t pour les orges ukrainiennes.

Chute sur le créneau brassicole

Malgré la tension qui se dessine cette année sur le créneau des orges de brasserie de printemps, les prix viennent d’abandonner à Creil de 4 €/t, à 194 €/t en variété de printemps, à 9 €/t (à 153 €/t en variété d’hiver). La récolte des orges est quasi terminée au Danemark et en bonne voie en Suède. Les résultats sont bons en volumes et en qualité. Cela pèse sur le marché malgré les taux de protéines trop élevés au Royaume-Uni et des résultats décevants en Allemagne.

Le sursaut momentané du maïs

Comme attendu, le droit européen à l’importation du maïs vient d’être relevé par Bruxelles et se situe maintenant à 10,95 €/t. Ce droit a été relevé à la suite de la baisse des prix américains sur la fin du mois d’août.

On observe toutefois en cette fin de semaine un léger rebond des prix du maïs sur le marché mondial à la suite de la hausse du blé et de l’accélération des achats. Les prix américains viennent de gagner 2 $/t et les prix argentins 5 $/t. Les échos des tours de plaine sont pourtant favorables aux États-Unis dans la plupart des régions et cela devrait venir rapidement limiter le mouvement de hausse des prix.

Les prix français, quant à eux, restent stables (152 €/t Fob Rhin) ou en baisse (–6 €/t à 148 €/t Fob Bordeaux) sous l’impact des conditions climatiques favorables qui devraient conduire à une révision en hausse des prévisions de récolte.

Recul du soja

À la faveur d’une nouvelle amélioration de l’état des cultures aux États-Unis, et faisant suite à des tours de plaine qui rapportent des potentiels généralement préservés dans la Soybelt – même si ce potentiel est inférieur aux rendements excellents de 2016 – le prix de la graine de soja à Chicago est en baisse cette semaine (–2 $/t).

Ce recul reste néanmoins modéré et les prix sont remontés le jeudi 31 août en fin de journée à la suite des rachats techniques, mais aussi en raison d’une demande dynamique à l’exportation : les autorités américaines ayant le même jour déclaré la vente de 2 millions de tonnes de soja sur la semaine.

À moyen terme, si les conditions climatiques restent bonnes, les prix devraient encore diminuer. Néanmoins, le soja américain étant actuellement très compétitif sur le marché mondial, y compris sur 2018, son prix n’a pas de grand potentiel de baisse.

Et le colza suit

Le prix du colza recule lui aussi cette semaine : –1 €/t rendu Rouen, –3 €/t Fob Moselle et –2,5 €/t sur Euronext. La moisson progresse au Canada, avec désormais 10 % des canolas récoltés et 39 % en andains ou prêts à être coupés dans la province du Saskatchewan.

La récolte est en avance de 10 jours par rapport à la moyenne quinquennale et devrait continuer à progresser rapidement grâce à un temps qui reste sec sur les plaines de l’Ouest canadien. Le ministère de l’Agriculture canadien estime dans sa publication du 31 août la production de 2017 à 18,2 Mt, en baisse de 1,5 Mt par rapport à 2016.

Au niveau mondial, la production est prévue stable, les reculs au Canada et en Australie étant compensés par des hausses dans l’Union européenne et dans la zone de la mer Noire.

Le prix du tournesol est en nette baisse cette semaine (–10 €/t à Saint-Nazaire à 330 €/t), à la faveur de la progression des récoltes en France, en Europe de l’Est et centrale. La récolte vient tout juste de démarrer en Ukraine.

Nouvelle baisse des tourteaux de soja

À Montoir, le prix des tourteaux de soja recule une nouvelle fois de 3 €/t cette semaine, à 294 €/t, sous l’influence de la graine de soja. Le tourteau de soja a diminué de 3,50 $/t sur le marché de Chicago. Les tourteaux restent très attractifs dans les rations. L’offre sur le marché mondial et européen sera suffisante pour couvrir les besoins animaux. Le prix des tourteaux devrait ainsi continuer à suivre les évolutions du prix de la graine de soja dans les mois à venir.

Le pois au départ de la Marne reste coté à 205 €/t, tandis que le prix du pois jaune rendu Rouen est incoté cette semaine. Les prix restent plombés par l’excellente récolte de 2017.

À suivre : avancée des récoltes de maïs, rapport de compétitivité entre les différentes origines mondiales de blés d’une part, entre le maïs et le blé d’autre part, avancée de la récolte de canola canadienne, conditions climatiques en Amérique du Nord (maïs, soja et canola) et en Australie (canola et céréales à paille), avancée des récoltes de tournesol (Europe et mer Noire)