Dans un communiqué de presse du 28 mars 2018, le CNIPT (Comité national interprofessionnel de la pomme de terre) alerte la filière : « Les emblavements de pommes de terre 2018 doivent se décider avec prudence, en chair ferme comme pour l’ensemble du frais – au vu des perspectives limitées – et en connexion avec les besoins du marché. »

Des plants en quantité

En 2018, les disponibilités de plants de pomme de terre à chair ferme sont en effet importantes. D’après la FN3PT (Fédération nationale de plants de pomme de terre), les récoltes ont été plus abondantes du fait d’une hausse des surfaces de 6 % combinée à celle des rendements, de l’ordre de 2 à 3 t/ha entre 2016 et 2017.

« Il existe, de ce fait, un risque réel de hausse des ventes de plants en chair ferme et, par conséquent, de celle des emblavements en pommes de terre de conservation sur des variétés destinées à être commercialisées sur la campagne de 2018-2019 », souligne le CNIPT.

Selon l’interprofession, ces évolutions, si elles se confirmaient, seraient préoccupantes dans le cas notamment de conditions climatiques favorables au rendement comme en 2017, en raison des capacités d’absorption limitées sur ce segment de marché. D’autant que les gains de productivité de la production française augmentent structurellement de 0,92 % par an selon l’UNPT/Idari.

Un segment de marché limité

« Rappelons que le marché sur le segment à chair ferme est limité car les potentiels de développement des ventes, tant sur le marché national qu’à l’exportation, sont à ce jour quasi nuls, estime le CNIPT. La grande majorité des volumes de pommes de terre à chair ferme est valorisée sur le marché national (d’une capacité de 200 000 à 300 000 tonnes), notamment en GMS, au travers de la segmentation culinaire sous la mention d’usages “À la vapeur, à l’eau, rissolées, sautées…”. Le circuit de la restauration hors foyer est en capacité d’absorber près de 30 000 tonnes par an. »

La demande en chair ferme est stable, voire déclinante en GMS sur ces dernières années : au global, les quantités achetées par les ménages en GMS ont baissé de 6 % durant la campagne de 2016-2017 et de 2 % sur les sept premiers mois de la campagne de 2017-2018, d’après le panel Kantar. Elles sont à la baisse également en RHF.

« À l’exportation, les ventes ne représentent qu’une centaine de milliers de tonnes par an, à destination principalement de l’Allemagne et du Royaume-Uni, précise encore le CNIPT. Les volumes vendus ont tendance à baisser vers l’Allemagne et déclinent vers le Royaume-Uni sous les effets indirects du Brexit. »