L’orientation qui a dominé cette semaine s’est avérée à la hausse pour la plupart des céréales, à l’exception du blé fourrager et de l’orge brassicole. Les blés meuniers ont gagné entre 2 et 5 €/t selon les places, à 173 €/t rendu Rouen et à 171,75 €/t sur l’échéance de mars 2017 d’Euronext. L’orge fourragère a suivi avec un gain de 3 €/t à Rouen (à 145 €/t) ainsi que le maïs qui s’est apprécié de 3 €/t environ à 172 €/t Fob Rhin ou 167 €/t rendu La Pallice.
Le blé français soutenu par l’euro
Le marché du blé français meunier a été soutenu cette semaine par l’affaissement de l’euro et depuis hier par la révision en baisse par le ministère américain de l’Agriculture (USDA) des stocks mondiaux et américains de blé. Bien que ces stocks restent tous deux très élevés, à 249 et 31 millions de tonnes respectivement, la révision a suscité une réaction des prix.
Les prix des blés aux États-Unis ont ainsi gagné 4 $/t cette semaine, portés aussi par de bonnes ventes à l’exportation. Les craintes exprimées par certains opérateurs au sujet de l’état des blés en mer Noire (fragilité en cas de baisse de températures) ont aussi contribué à la hausse, mais on peut juger ces inquiétudes comme surfaites étant donné que les conditions restent conformes à la normale dans cette région du monde.
Les stocks américains de maïs en baisse
Le maïs a lui aussi été soutenu par les prix mondiaux, les valeurs argentines et américaines ayant gagné 2 $/t cette semaine ; la hausse a été tirée par les anticipations des opérateurs de voir l’USDA réviser nettement les stocks de maïs américain en baisse en raison de ventes soutenues à l’exportation et d’une bonne consommation pour la production d’éthanol. Finalement, jeudi 9 février, l’USDA a bien baissé les stocks américains mais moins qu’anticipé et cela a stoppé la hausse.
L’Arabie Saoudite achète de l’orge
Le marché mondial de l’orge a été marqué, lui, par le gros achat récent de l’Arabie : 1,5 million de tonnes pour chargement de mars à mai. Cet achat soutient les prix à court terme. Portant jusqu’à l’échéance de mai, c’est-à-dire presque jusqu’à la fin de la campagne, il indique aussi que les quantités totales que l’Arabie achètera cette campagne s’annoncent nettement plus basses que celles de l’an dernier.
Ces achats saoudiens sont réalisés par un organisme d’État, la Sago, et ce dernier a adopté une attitude restrictive, probablement à cause des difficultés financières du pays et contrairement à la situation de l’an dernier où les achats étaient encore réalisés par des opérateurs privés. En conséquence, il est probable que le prix des orges ne reste pas soutenu longtemps.
Le blé fourrager français et l’orge brassicole laissés pour compte
En orge, plus la campagne avance, plus il apparaît que les exportations de malt du nord de l’UE (Union européenne) vers les pays tiers sont en retrait par rapport à celles de l’an dernier. La demande européenne en orge de brasserie est donc un peu moins soutenue que prévu auparavant et cela vient conforter le fait que la prime brassicole a probablement déjà touché le maximum qu’elle pouvait atteindre par rapport aux orges fourragères.
Du côté du blé fourrager, le retrait observé et la déconnexion entre les prix meuniers et fourragers peuvent être interprétés comme le reflet de l’existence de quantités résiduelles de très basse qualité qui doivent s’ajuster en termes de prix pour trouver preneur.
Une demande vigoureuse de soja
Après le recul observé depuis la mi-janvier, les prix du soja à Chicago sont en hausse cette semaine : +5 $/t. C’est principalement la vigueur de la demande qui a tiré les cours à la hausse, ainsi qu’un effet spéculatif haussier – avorté – avant la publication du dernier rapport de l’USDA hier.
On signale plusieurs achats chinois de soja, et les statistiques de janvier confirment une demande robuste pour ce pays. Par ailleurs, les ventes américaines continuent d’être élevées : elles atteignent 51 millions de tonnes (Mt) au début de février. Les cours du soja sont cependant repartis à la baisse après la publication du rapport de l’USDA, avec des stocks prévisionnels de fin de campagne inchangés aux États-Unis, à plus de 11 Mt.
Malgré les ventes observées jusqu’à présent, l’USDA maintient sa prévision d’exportations totales des États-Unis à 56 Mt, avec donc un fort ralentissement prévu dans les prochaines semaines, alors que s’intensifie la compétition avec l’Amérique du Sud.
Au Brésil, la Conab vient de revoir en hausse sa prévision de récolte à presque 106 Mt (+2 Mt par rapport au mois dernier). Les chargements de février sont prévus en forte hausse, bénéficiant d’une récolte précoce cette année. De même en Argentine, les conditions climatiques se sont améliorées, et la Bourse de Buenos Aires revoit elle aussi son estimation de production en hausse, à 54,8 Mt contre 53,5 Mt précédemment.
Certes, les récoltes ne sont pas terminées et le risque climatique ne peut être exclu, cependant nous pensons que ces disponibilités et leur arrivée massive sur le marché mondial devraient entraîner en légère baisse les prix du soja dans les prochaines semaines.
Le colza en hausse
Les prix du colza sont eux aussi à la hausse, gagnant 3,50 €/t pour le Fob Moselle comme pour le rendu Rouen. Le contrat Euronext remonte de manière un peu plus marquée : +5 €/t à 418,5 €/t. Les cours sont aussi soutenus par un léger recul de l’euro face au dollar. Au Canada, les cours du canola sont également en hausse cette semaine (+10,5 $/t), portés par le soja et par la demande toujours forte de canola.
Le prix du tournesol est inchangé à 380 €/t à Saint-Nazaire. Nous attendons toujours une pression baissière, car les marges de trituration sont faibles, l’industrie européenne étant sous pression d’importations d’huile de tournesol élevées.
Légère remontée des tourteaux
Les prix des tourteaux remontent de 5 $/t cette semaine à Chicago, et de 9 €/t en France à Montoir. Les cours sont notamment portés par les cours de la graine de soja. Le prix du pois fourrager est inchangé cette semaine (à 225 €/t départ Marne).
À suivre : les débouchés pour le blé de très basse qualité, le climat des prochaines semaines et l’impact sur les céréales d’hiver, la demande mondial d’orge, conditions climatiques en Argentine et au Brésil.