Il y a sept ans, Christian Baverey a couvert 3 ha en interculture avec de la moutarde. Depuis, l’agriculteur, en Gaec à Fontenelle-Montby (Doubs), a étendu la pratique. Cet été, un mélange de moutarde blanche, phacélie et vesce a occupé 14 ha derrière une orge d’hiver, déclarés dans les SIE (surfaces d’intérêt écologique) de cette ferme de 170 ha et 450 000 l de lait. « Au départ, on ne pensait pas aux abeilles », sourit Christian Baverey.
L’ été 2010, Michel Ruch, apiculteur professionnel aux Magny (Haute-Saône), à 15 km, repérait les moutardes en fleurs. Avec l’accord du Gaec, il a installé, en bordure de la parcelle, un rucher d’une vingtaine de colonies, qu’il maintient depuis.
Baisse d’intrants
« Après la floraison du tilleul et jusqu’à celle du lierre mi-septembre, les abeilles n’ont rien à butiner et je dois apporter 10 à 15 kg de sucre par ruche, explique le producteur de miel. Sur la moutarde, elles trouvent de quoi butiner, ce qui assure leurs besoins en nectar et pollen. » Cet été, il ne les a pas du tout nourries sur ce site. Lorsqu’il a dû le faire les années précédentes, « c’était avec au maximum 1 kg de sucre par ruche ! »
Pour les trois associés du Gaec, les couverts alimentent une stratégie de baisse d’intrants et de charges. D’autant qu’en 2012, ils sont passés du lait standard à l’IGP Emmental Grand Cru. « Nous avons arrêté le maïs ensilage et augmenté l’herbe, avec 25 ha de prairies temporaires. Elles entrent dans l’assolement avec 7 ha de maïs (en vert et en grains), 21 ha d’orge d’hiver et 12 ha de blé : nous manquons de têtes de rotation, estime Christian Baverey. La moutarde permet de couper le cycle des maladies sur céréales, de limiter les adventices, et d’économiser de l’azote et de l’engrais de fond. Elle structure nos sols conduits en techniques culturales simplifiées, et limite l’érosion sur 7 ha en pente. »
Au sein du mélange testé cette année, la vesce n’a pas levé. Christian Baverey pense « partir l’an prochain sur un mélange moutarde-phacélie ». Mais en aucun cas sur une association de phacélie et sarrasin : utilisé en 2012 sur le conseil de Michel Ruch, ce mélange a laissé « des repousses de sarrasin sur plusieurs années ! », déplore l’agriculteur.
Comme la moutarde convient aux deux partenaires, Christian Baverey produira ses propres semences à l’avenir, en vue de systématiser les couverts à moindre coût.