Alors que la tempête Gabriel vient de balayer la France, les États-Unis soufflent un vent d’incertitudes sur les marchés. Entre la « trade war » sino-américaine, le « shutdown » levé le week-end dernier (aucun rapport de l’USDA – le ministère américain de l’Agriculture – n’a été diffusé depuis le 22 décembre dernier ; le prochain est prévu pour le 8 février), la parité euro-dollar, les cours du pétrole et le « tweet risk » avec les élucubrations de Trump sur le réseau social, le monde est suspendu aux (in)actions du pays de l’Oncle Sam.

 

Michel Portier, d’Agritel, a largement analysé les « drivers » de marché (NDLR : les éléments qui dirigent le marché), sans pour autant occulter les fondamentaux, lesquels perdent néanmoins de la place face à la géopolitique. « Il y a quelques années, les fondamentaux étaient le driver à hauteur de 75-80 % d’un mouvement de marché. Aujourd’hui, ils sont relativement stables et les autres drivers s’invitent sur notre marché. »

Impact de la parité euro-dollar sur la compétitivité à l’exportation

« Les opérateurs prédisaient une parité euro-dollar à 1,10, voire moins l’an dernier. Finalement, c’est resté stable et nous sommes sur une fourchette entre 1,13 et 1,16 depuis plusieurs mois. Ce matin nous sommes repassés à 1,15 à cause de la réunion de la FED (Réserve fédérale des États-Unis) hier. »

 

En effet, il était prévu que la FED remonte ses taux d’intérêt aux États-Unis pour 2019. Mais face au relatif ralentissement économique du pays, « ils infléchissent leur politique monétaire, donc les hausses de taux ne sont plus aussi certaines qu’il y a 3 mois ». De même, du côté de la Banque centrale européenne. « La probabilité de la hausse de l’euro cette année est donc plus forte que celle du dollar. Cette parité euro-dollar intervient sur notre compétitivité à l’exportation, notamment celle du blé », poursuit l’analyste.

Les États-Unis exportateurs de pétrole en 2020

Les prévisions restent une science inexacte. Pour preuve. « C’est sur le pétrole que les prévisionnistes se sont le plus trompés l’an passé. Contrairement aux prévisions, le pétrole a énormément baissé depuis l’été 2018, passant de 75 dollars le baril à moins de 45 dollars avant de remonter à 52-53 dollars aujourd’hui. »

 

Certes, les cours du pétrole sont liés à l’offre et la demande, mais la géopolitique – encore une fois – s’invite sur les marchés. « Les États-Unis ont la volonté de s’inscrire comme un acteur majeur sur la production de pétrole avec une politique extrêmement agressive pour les biocarburants. En 2020, les États-Unis vont devenir exportateurs d’énergies fossiles ! »

Le Brésil n’est pas en reste

Plus au Sud, le Brésil est un acteur à garder à l’œil. « On attend une hausse des surfaces au Brésil d’un peu plus d’un million d’hectares », selon Frédéric Sauvé, trader chez Bunge. Le pays pourra-t-il continuer sur cette voie ? « Cela dépendra d’une part des réserves foncières (et elles sont importantes) et de l’acceptation de la déforestation que le Brésil organise sur certaines zones. »