« Je suis favorable » au développement de l’agronégoce sur les terres indigènes, « mais il faut modifier la loi », a dit la ministre, expliquant que dans certaines régions du Brésil, la politique de préservation avait laissé de côté le développement des populations. « Dans l’État de Roraima (Nord) il y a un problème très sérieux parce que tout est réservé à la préservation, alors comment l’État peut-il vivre ? », a-t-elle demandé.
« Il faut aussi qu’on puisse préserver l’activité économique. Nous ne pouvons plus voir l’environnement [...] de manière idéologique, il faut le voir de manière professionnelle », a dit la ministre au cours d’une rencontre avec des journalistes étrangers à Brasilia.
« Il n’existe pas tous ces risques qu’on présente de manière quasi hystérique selon lesquels maintenant au Brésil nous allons en finir avec les indigènes […] avec les quilombolas », ces communautés de descendants d’esclaves, « il y a une loi », a-t-elle affirmé.
Dès le premier jour de son mandat, le 1er janvier, le président d’extrême droite avait pris une mesure polémique en plaçant sous la tutelle du ministère de l’Agriculture la délimitation des terres attribuées aux peuples autochtones.
Pour les défenseurs de la cause indienne et de l’environnement, ce transfert de compétences revient à livrer les territoires ancestraux à l’appétit vorace de l’agronégoce. La ministre de l’Agriculture était d’ailleurs le chef de file du lobby parlementaire « ruraliste », qui défend les intérêts des grands propriétaires terriens, et a été un puissant soutien du président pendant sa campagne électorale.
De nouvelles invasions de terres indigènes
La presse locale a fait état de nouvelles invasions de terres indigènes depuis que le gouvernement Bolsonaro a pris ses fonctions le 1er janvier.
« Parfois, il y a de petits agriculteurs qui sont expulsés de zones où les indigènes n’ont plus les moyens de chasser, pêcher, faire leur vie », a-t-elle assuré.
La législation actuelle prévoit l’exploitation de 20 % des terres des zones protégées et parfois les terres en question ne sont pas bonnes pour l’agronégoce, selon elle.
« L’Amazonie ne se prête pas au soja, a lancé la ministre de l’Agriculture. En plus, le producteur qui va là-bas et achète des terres démarre avec un handicap puisqu’il doit [en] préserver 80 % », a-t-elle dit.
« Nous voulons protéger l’Amazonie, mais si le monde souhaite aussi qu’elle soit protégée, qu’il nous apporte des projets intéressants », a-t-elle conclu.
Environ 60 % du « poumon de la planète » se trouve en territoire brésilien, où la déforestation se poursuit à un rythme soutenu.