La tendance baissière s’est encore confirmée cette semaine, que ce soit sur les céréales ou les oléagineux.
Des bonnes perspectives dans l’hémisphère Nord
En parallèle des bonnes récoltes de l’Amérique du Sud qui arrivent sur le marché en soja et maïs, les perspectives favorables de production pour les céréales à paille dans l’hémisphère Nord continuent de peser sur les prix. Certes, plusieurs offices météorologiques mentionnent la possibilité du retour d’un phénomène El Niño dans les mois à venir mais, mais, pour l’instant, les cultures sont en bon état que ce soit dans l’UE (Union européenne), dans la zone de la mer Noire ou aux États-Unis. Le retour des pluies sur les plaines de blé d’hiver aux États-Unis a encore pesé sur les cours mondiaux du blé cette semaine.
Des crises non résolues
La crise de la viande brésilienne a, elle aussi, apporté sa contribution à la morosité ambiante ; plusieurs pays, dont la Chine, ont beau reprendre leurs importations de viande brésilienne, le gouvernement brésilien a interdit l’exportation pour plusieurs entreprises du pays. L’UE, de son côté, réclame des mesures de contrôle renforcées. Dans l’attente, la perspective d’une chute des exportations et de la production animale au Brésil à moyen terme reste d’actualité.
Le différend entre la Turquie et la Russie n’est toujours pas réglé : dialogue de sourd, la Turquie ne reconnaissant pas officiellement interdire les importations de blé russe… Les acheteurs turcs se tournent vers la Baltique et le sud-est de l’UE. Mais peu de transactions ont été rapportées à ce jour car les prix qu’il leur faut payer sont supérieurs à ceux des blés russes. En conséquence de la crise turque, les prix des blés russes s’affaissent encore un peu cette semaine, l’offre résiduelle étant encore importante dans ce pays.
Un marché ralenti dans l’attente des chiffres américains
Beaucoup de transactions ont été repoussées cette semaine, dans l’attente des chiffres de l’USDA portant sur les stocks et les semis aux États-Unis. Le clou de la publication sera l’ampleur de la hausse des surfaces de soja aux dépens de surfaces de maïs. Toutefois, les estimations concernant les surfaces de blé sont aussi attendues avec impatience : les surfaces d’hiver ont nettement décroché, en sera-t-il de même pour celles de printemps ? Si, en blé et en maïs, les baisses des surfaces aux États-Unis sont plus marquées que prévu, les prix des céréales US et mondiales risquent de réagir en hausse à la suite de la publication.
Malgré l’attente de cet événement qui a paralysé quelque peu le marché au cours des derniers jours, il est intéressant de noter des achats de la part de la Tunisie (100 000 tonnes de blé tendre et 50 000 tonnes d’orge), de l’Algérie (200 000 tonnes de blé dur) et de la Jordanie (50 000 tonnes de blé tendre). L’Égypte, de son côté, n’a rien acheté cette semaine mais continue à faire parler d’elle : son office d’état (le Gasc) a annoncé qu’il poursuivrait les achats pendant la période de récolte locale contrairement à ce qui se passe d’habitude.
Cette annonce confirme le fort besoin d’achat du pays mais probablement aussi la volonté du Gasc de prendre en charge une plus large part des importations du pays au détriment des acheteurs privés dont les transactions seront surveillées (mais non interdites). L’Égypte essaie en effet de limiter la fraude effectuée par des détenteurs de blé importé qui tentent de revendre ce blé sur le marché égyptien comme s’il s’agissait de blé local, cela dans le but de bénéficier du prix intérieur payé par le gouvernement, beaucoup plus élevé que le prix d’importation.
Dans ce contexte, les blés français abandonnent encore entre 2 à 4 €/t cette semaine, le blé rendu Rouen descendant à 160 €/t en qualité meunière et à 145 €/t en qualité fourragère. Sur Euronext, l’échéance de mai 2017 a perdu 3 €/t entre le 23 et le 30 mars (à 163,75 €/t) mais elle s’orientait en légère hausse ce jour (avant la clôture) en raison du soutien apporté par la baisse de l’euro. L’orge fourragère a emboîté le pas du blé et abandonné 5 €/t en Moselle cette semaine (à 125,5 €/t) toute comme le maïs qui a perdu 2 €/t Fob Rhin (à 173, €/t).
La récolte brésilienne pèse sur les oléagineux
Alors que la récolte brésilienne du soja progresse et que les derniers tours de plaine se terminent, apportant leurs lots de bonnes nouvelles, la production n’en finit pas d’être revue à la hausse. Grâce à des conditions pratiquement idéales pour les cultures, les estimations du marché se situent maintenant entre 110 et 115 millions de tonnes (Mt). À Chicago, le cours du soja se replie ainsi de 10 $ sur la semaine à 354 $/t sur le rapproché (échéance de mai 2017).
Toutefois, sur le court terme, la météorologie argentine pourrait perturber ce scénario baissier, une tempête étant annoncée dans les prochains jours sur la région de la Pampa, zone déjà touchée par de fortes inondations en début de cycle. Le risque de pertes supplémentaires de surface reste donc toujours fort dans cette zone de production du soja. Le mois d’avril est, en effet, crucial pour la récolte argentine, et de fortes précipitations peuvent encore, comme l’an dernier, rebattre les cartes du bilan mondial de soja.
D’ici à la fin de journée (31 mars), l’USDA va par ailleurs publier ses nouvelles prévisions de semis pour les grandes cultures aux États-Unis, ainsi que les stocks au 1er mars. Selon la confirmation ou non de la forte hausse des surfaces en soja attendue en 2017, les cours pourraient donc varier très fortement dans les jours à venir. Si les surfaces attendues dépassent les attentes, cela sera baissier pour le prix. Au contraire, si les enquêtes révèlent une progression des surfaces moins forte qu’attendu, les prix pourraient fortement se corriger en hausse.
Le prix du colza plie encore sous le poids du soja
Le cours du colza européen ne résiste pas à la pression baissière du soja, d’autant plus que les conditions de culture restent très bonnes pour le colza d’hiver dans l’UE. Le prix du colza perd ainsi 11 €/t rendu Rouen (à 390 €/t) et 10 €/t en Fob Moselle (à 399 €/t). Sur Euronext, la cotation de l’échéance de mai recule également de 10,25 €/t sur la semaine (à 392,25 €/t. L’ensemble des prix des huiles végétales s’est replié à la suite de l’huile de soja, malgré la remontée du baril de pétrole (les stocks US de brut sont en effet inférieurs aux attentes, et la rumeur d’un nouvel accord de l’Opep sur la limitation de production du pétrole ressurgit).
La cotation du tournesol se stabilise cette semaine à Saint-Nazaire (à 365 €/t).
Les prix des tourteaux encore en recul
Les prix des tourteaux de soja reculent de 6 $/t sur le marché à terme de Chicago. La baisse du cours du soja pèse sur les prix. Toutefois, la Chine et Hong Kong ont, après quelques jours seulement, annulé l’embargo sur les viandes brésiliennes importées. Cette nouvelle, haussière pour la demande en tourteaux, contient – un peu seulement – la baisse des prix.
Sur le marché français, le prix du tourteau de soja recule de 5 €/t à Montoir (à 343 €/t). Les précipitations attendues sur l’Argentine la semaine prochaine pourraient stopper la baisse des cours, au moins temporairement. L’ampleur des dégâts que ces pluies pourraient générer est à suivre de près.
Le prix du pois fourrager départ Marne se stabilise cette semaine après une forte baisse la semaine précédente, liée au recul des prix pour les blés fourragers et les tourteaux.
À suivre : mesures éventuelles de l’UE sur les importations de viande en provenance du Brésil, estimations de semis US, conditions climatiques en Argentine (soja), conditions climatiques européennes (colza et céréales à paille).