Évolution en ordre dispersé sur le marché des céréales cette semaine. Le maïs s’affaisse nettement, perdant 2 €/t en Fob Rhin à 163 €/t, et 4 €/t sur la façade atlantique à 161,75 €/t Fob Bordeaux. Cette baisse reflète la tendance générale du marché mondial où les maïs US, sud-américains et ukrainiens s’affichent tous à un niveau inférieur à celui de la semaine dernière.

Récolte record de maïs aux États-Unis

En toile de fond de ce marché mondial du maïs, la très forte récolte américaine qui vient de nouveau d’être relevée par l’USDA (ministère américain de l’Agriculture) dans son rapport mensuel. Par ailleurs, la récolte du maïs d’été va débuter prochainement au Brésil, plus tôt que d’habitude car les semis étaient précoces cette année. Cela va venir détendre la situation dans ce pays après une année période de tension extrême due à des exportations trop fortes au début de la campagne.

Enfin, l’élection de Donald Trump suscite des inquiétudes pour l’avenir du marché des biocarburants aux États-Unis, mais aussi pour les échanges des USA avec plusieurs importateurs de maïs comme le Mexique et la Chine. Le nouveau locataire de la Maison Blanche a, pendant sa campagne, évoqué la remise en cause éventuelle de plusieurs accords commerciaux. Ces inquiétudes ont exercé un effet baissier sur les prix du maïs.

Le maïs pèse sur les cours de l’orge fourragère qui perd ainsi 2 €/t sur le marché français à 131,5 €/t rendu Rouen. Les orges brassicoles restent soutenues par la faiblesse de leur offre : +1 €/t sur la semaine pour celles d’hiver à 159 €/t Fob Creil, et stabilité des variétés de printemps à 190 €/t.

Le blé à la hausse

Du côté du blé, les variations sont, en revanche, plutôt à la hausse. Les blés meuniers sont quasi stables à Rouen, à 162,5 €/t (peu de demande), mais ceux de La Pallice viennent de gagner plus de 5 €/t à 170 €/t. Les blés fourragers se sont appréciés (+2,75 €/t à 154,25 €/t Fob Creil). Ce sursaut des prix français du blé s’est effectué de concert avec la hausse des prix de la mer Noire qui viennent de gagner 3 $/t pour la qualité meunière russe, et 6 $/t pour la qualité fourragère en Ukraine.

Les prix russes sont tirés par les résultats du dernier appel d’offres égyptien (180 000 tonnes de blé russe et de 60 000 tonnes de blé roumain), et les prix ukrainiens par les ventes à l’Asie ainsi que par les problèmes logistiques qui touchent le marché de ce pays actuellement (manque de wagons et limitation des chargements de camions à 20 tonnes au lieu de 40 tonnes précédemment ce qui ralentit considérablement l’approvisionnement des ports).

Le soja stable

Le prix du soja est quasi inchangé cette semaine à Chicago (+1 $/t pour l’échéance de décembre). Les cours se trouvent contraints par deux influences qui s’opposent : l’influence baissière d’une récolte record – les rendements ont été révisés à la hausse dans le dernier rapport de l’USDA paru cette semaine – et d’autre part, l’influence haussière de la forte demande mondiale, en particulier de l’Asie (Chine en tête) et le soutien du soja par le marché des huiles, dont les prix se redressent cette semaine.

Malgré une légère remontée des stocks d’huile de palme, les prix de l’huile tropicale sont en hausse, car les chiffres de production d’octobre sont très inférieurs à ceux de l’an dernier (–18 %). Et les prévisions climatiques en Asie du Sud-Est restent inquiétantes pour la production dans les mois qui viennent (manque d’eau). De plus, la baisse de production saisonnière de l’huile de palme s’amorce, et devrait donc maintenir une tension notable sur ce marché d’ici au mois de mars 2017.

Enfin, les premières prévisions de production en Argentine indiquent un recul probable des volumes de soja récoltés (surfaces en baisse alors que les taxes à l’exportation sont finalement maintenues). Comme pour l’huile de palme, ces volumes ne seront pas arrivés chez les principaux importateurs avant mars ou avril 2017. Il est à noter que les semis de soja en cours au Brésil restent très en avance par rapport à la normale.

Le colza recule

Les prix du colza poursuivent leur baisse, et ce malgré une remontée du prix de l’huile de colza. En effet, les importations continuent d’être élevées dans les ports français, notamment en provenance du Canada et de l’Ukraine. Il est à noter par ailleurs que de nombreux bateaux sont attendus dans les ports australiens, pour être chargés en colza et expédiés avec les volumes tout juste récoltés.

Rendu Rouen, les cours de la graine perdent 5,5 €/t, et reculent de 3 €/t en Fob Moselle (soutenus par la demande allemande notamment) ; le contrat Euronext recule lui aussi de 5,5 €/t. Alors que les conditions climatiques s’améliorent au Canada, les prix du canola à Winnipeg reculent eux aussi d’environ 5 $/t, car les dernières opérations de récolte pourraient reprendre.

Malgré la baisse observée pour le colza, le prix du tournesol à Saint-Nazaire est proche de la semaine dernière à 365 €/t, soutenus par la remontée du prix de l’huile de tournesol.

Légère remontée du tourteau de soja à Chicago

Les prix du tourteau de soja remontent légèrement cette semaine à Chicago (+5,5 $/t), malgré la stabilité des prix de la fève et la baisse des cours de maïs. Ils reculent au contraire légèrement à Montoir (–3 €/t). Les pois fourragers départ Marne ne sont pas cotés cette semaine, alors que les disponibilités sont très faibles.

À suivre : arrivée des récoltes argentines et australiennes de blé, exportations de maïs US, évolution des prix des blés de la mer Noire, rythme et destinations des exportations du colza australien, exportations US de soja, semis et conditions de culture au Brésil.