Le mercredi 11 décembre 2024, les actions de protestation des agriculteurs se poursuivent, entre mobilisations et dégradations des permanences parlementaires, en signe de colère et de dépit. Ces dégradations ont par ailleurs été condamnées par la présidente de l’Assemblée nationale.
« On réclame que le prochain gouvernement reprenne intégralement ce qui était dans le projet de loi agricole qui devait être validé au début de janvier », a déclaré à l’AFP le président de la FDSEA de la Côte-d'Or, Jacques de Loisy. « On continuera à avoir des actions fortes et massives », a-t-il ajouté sous les coups de klaxon des engins agricoles. « On veut un gouvernement qui prenne conscience des problématiques agricoles encore plus que ce qu’on connaissait auparavant », a renchéri Yannick Salomon, secrétaire générale des JA de la Côte-d'Or.
« Un accord honteux » dénoncé à Dijon
À Dijon notamment, des dizaines de tracteurs ont bloqué le centre de la ville, déversant fumier et pneus usagés en signe de protestation contre l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, ainsi que la censure du gouvernement Barnier.
« Paysans sans blé », « N’importons pas ce que l’on a interdit en France », était-il inscrit sur des panneaux accrochés à la calandre des tracteurs stationnés face au conseil régional de la Bourgogne-Franche-Comté, à la Maison de l’Europe et près de la préfecture. Des bennes chargées de vieux pneus, paille et lisier, ont déversé leur chargement devant la Maison de l’Europe. Un important dispositif policier les a empêchés de faire de même devant la préfecture, sans que cela ne provoque de troubles.
« Plus d’une centaine » de tracteurs étaient présents, selon les syndicats organisateurs, la FDSEA (majoritaire) et les JA (Jeunes Agriculteurs) qui dénoncent « l’accord honteux » avec le Mercosur. La préfecture en a dénombré 73.
Les permanences de députés ciblées par les agriculteurs
Par ailleurs, la permanence de trois députés NFP (Nouveau Front populaire) et un RN (Rassemblement national) de la Région, qui ont voté la censure, a été emmurée par des manifestants lundi soir, comme de nombreuses autres dans le reste du pays.
Permanences murées, peinturlurées ou recouvertes de fumier ou de déchets : ces actions de protestation, le plus souvent revendiquées par le syndicat agricole FNSEA, ont surtout visé des députés du Nouveau Front populaire (NFP) et du Rassemblement national (RN), qui ont voté la censure du gouvernement la semaine dernière.
« Votre censure nous envoie dans le mur », ont aussi écrit des manifestants sur des moellons édifiés devant la permanence du député socialiste Pierrick Courbon à Saint-Etienne, dans la nuit de mardi à mercredi.
À Dijon, la députée du Parti socialiste Catherine Hervieu a été touchée par des jets de peinture lorsque des agriculteurs ont muré sa permanence, lundi soir. Elle a cependant décidé de ne pas porter plainte.
Dans Périgueux, des affiches « Wanted Nadine Lechon » ont été collées, du nom de la députée du RN de la Dordogne, qui n’a pas encore ouvert de permanence parlementaire depuis son élection.
Les agriculteurs en colère considèrent que la censure a suspendu la concrétisation des promesses engagées par le gouvernement déchu pour répondre à la crise agricole. Les projets de budget pour 2025 et celui de financement de la Sécurité sociale contenaient en effet des mesures réclamées par les syndicats agricoles (allègements fiscaux et du coût du travail des saisonniers, annulation de la hausse de la fiscalité sur le gazole agricole, etc.).
Des dégradations condamnées
En une semaine, plus de 30 députés ont vu leur permanence parlementaire en régions dégradée par des agriculteurs qui protestaient contre les conséquences de la censure du gouvernement, a déploré ce mercredi la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.
« La détresse et les inquiétudes, aussi légitimes qu’elles soient, ne sauraient s’exprimer par l’intimidation à l’endroit de représentants démocratiquement élus », a affirmé dans un communiqué Yaël Braun-Pivet, qui « condamne fermement » ces dégradations. La présidente « veillera à ce que chaque député victime de ces dégradations soit accompagné par les services de l’Assemblée nationale dans le processus de dépôt de plainte et puisse bénéficier de la protection fonctionnelle quand cela s’avère nécessaire », a-t-elle ajouté.