L’ITB (Institut technique de la betterave), la chambre départementale de l’Aisne et le Ceta de Montcornet mutualisent leurs efforts de recherche avec la création d’une plateforme d’essais commune à Clermont-les-Fermes. À l’été 2023, celle-ci a accueilli pour la première fois des dizaines de couverts d’interculture implantés derrière un blé tendre, et auxquels succéderont des betteraves. Lors de la présentation des premiers résultats à la fin de décembre, François Courtaux, responsable régional de l’ITB, a rappelé la nécessité de définir l’objectif recherché pour adapter son choix d’espèces et de variétés, et ainsi assurer un retour sur investissement.
Implanter tôt
Les premières pesées, au 10 novembre, confirment l’importance de la précocité du semis pour la production de matière sèche (MS) : les associations moutarde brune et vesces velue et pourpre ainsi que radis fourrager et vesces velue et pourpre, semées à la volée le 13 juillet, jour de la moisson, ont atteint entre 4,6 et 6 tonnes de matière sèche, présentait François Courtaux. Contre 3 à 4,1 tonnes de matière sèche pour le radis, la moutarde (non associés) semés après un déchaumage le 17 août, et moins de 2,5 tonnes de matière sèche pour la moutarde implantée en semis direct le 17 août. Dans ce dernier cas, la couverture s’est montrée moins régulière, avec notamment, comme sur certains semis à la volée, des dégâts de mulots.
« Sur des semis de juillet, nous sommes déjà montés à 8 tonnes de matière sèche, mais cela nécessite une parcelle qui se libère tôt », commentait l’expert. Le semis à la volée s’adapte plutôt bien à un semis rapide. Toutefois, au-delà de 28 mètres de largeur de rampe, il est fréquent de perdre en homogénéité de répartition.
La précocité des variétés a elle aussi toute son importance. Pour la matière sèche, avec un cycle de développement allongé pour les variétés tardives d’abord, mais aussi d’un point de vue réglementaire. « Une variété trop précoce peut fleurir dès la mi-octobre, ce qui n’est pas en accord avec la réglementation sur les néonicotinoïdes par exemple », alertait François Courtaux.
« Les semis du 17 août ont été un peu tardifs, car l’agriculteur a voulu mettre du compost, précisait Sébastien Loizeaux, conseiller du Ceta. Mais l’objectif est bien d’implanter le plus tôt possible, notamment en présence des mélanges avec légumineuses, afin que celles-ci remplissent leur rôle de restituteurs d’azote. »
Densité optimale
Attention à bien s’assurer de la rentabilité des mélanges d’espèces à base de légumineuses, plus coûteux. « Il est parfois préconisé d’abaisser les quantités semées à l’hectare pour baisser en prix, rapportait François Courtaux. Mais à 60 % de la dose optimale par exemple, on se retrouve avec des trous et une couverture insuffisante. Ce qui peut laisser la possibilité à des ravageurs de s’implanter, ou à des adventices de lever. Il sera plus pertinent dans ce cas de se reporter sur une seule espèce, radis ou moutarde par exemple, conduite de manière optimale. »
Autre point de vigilance sur les mélanges d’espèces, leur composition. « Elle est toujours indiquée en poids. Mais la différence de pmg entre les espèces peut changer la physionomie du mélange », prévient-il.