Espacer les rangs de maïs de 150 cm pour implanter un couvert­ ­entre les rangs : tel est le principe du maïs en « corridors solaires ». Éleveur de porcs à Pipriac (Ille-et-Vilaine), Nicolas Gorin a voulu tester la technique, originaire d’Amérique du Nord. « L’idée est de travailler des techniques qui pourraient permettre de maîtriser le salissement des parcelles, tout en améliorant la fertilité et la structure des sols », explique l’agriculteur. Ainsi, au cours de la campagne 2019-2020, il a créé plusieurs bandes tests dans une parcelle de maïs classique (écartement à 75 cm).

Résilience économique et environnementale

Il a choisi d’implanter trois modalités de couverts : féverole ; mélange multi-espèces 1 (tournesol, féverole, moutarde, niger, sorgho fourrager, sarrasin, phacélie) ; mélange multi-espèces 2 (trèfle, pois, avoine). Ils ont été semés au stade 5 feuilles du maïs, avec un semoir à céréales que l’agriculteur a adapté.

« Cet essai a été riche en enseignements, positifs comme négatifs », estime Nicolas Gorin. Il considère qu’il faut continuer à travailler la technique, qui présente, selon lui, un potentiel intéressant pour gagner en résilience économique et environnementale, notamment face au changement climatique.

 

Le principal point d’attention est celui de la gestion des couverts. En 2020, l’agriculteur les a détruits à floraison « à la main » avec un petit rouleau : une démarche chronophage qui ne peut pas être généralisée telle quelle. « Les Canadiens sont plus avancés à ce sujet et ont adapté du matériel pour gérer les interrangs », souligne-t-il.

Autre élément à travailler : le bilan économique. Si le rendement d’un rang de maïs est plus élevé pour la technique du corridor par rapport à un semis classique (+ 30 %), la densité à l’hectare est plus faible. Finalement, Nicolas Gorin a constaté une différence de rendement à l’hectare d’environ 20 % : 77,6 q/ha à 150 cm avec les couverts multi-espèces, contre 95,1 q/ha à 75 cm en sol nu. Pour le moment, l’agriculteur juge que ces résultats ne sont pas suffisants pour s’assurer de l’intérêt économique de la démarche, les bénéfices n’étant pas immédiats. Selon les retours d’expériences des États-Unis et du Canada, il apparaît au bout de trois à cinq ans.

Rétention de l’eau

En revanche, Nicolas Gorin insiste sur l’intérêt des couverts pour la gestion de l’eau : « Les couverts augmentent la capacité de rétention du sol et diminuent les besoins d’irrigation, assure-t-il. C’est notamment ce qui me motive à continuer l’essai. » L’agriculteur va en effet retenter l’expérience cette année en modifiant les modalités, estimant que cette technique a besoin de références. Il souhaite s’orienter sur des couverts qui n’ont pas besoin d’être maîtrisés pendant la culture, comme des mélanges à base de trèfles, et pourquoi pas semer les maïs en quinconce pour densifier­ les rangs.

Hélène Parisot