Complémentaire du bio
L’approvisionnement en matières premières est pour nous essentiel. Dans nos usines hexagonales, plus de 70 % proviennent de France. Nous devons le sécuriser tout en répondant à une logique économique pour les agriculteurs, mais aussi à celle d’image. Sur ce point, nous sommes challengés par la société civile et nous devons y répondre. Le bio est une réponse, mais pas la seule. L’agriculture de conservation, qui se veut plus autonome, moins dépendante de la mécanisation et de la chimie, constitue une voie complémentaire de celle du bio.
Il y a trois ans, nous nous sommes rapprochés de l’Apad (1), qui regroupe, partout en France, des agriculteurs innovants, soucieux de remettre l’agronomie au cœur de leur démarche, en limitant le labour, en allongeant les rotations, en mettant en place des couverts… Ces pionniers ont obtenu des résultats très intéressants. Avec de telles actions, l’agriculture conventionnelle se réinvente.
Nestlé est, par ailleurs, partenaire du projet « Sols vivants en Picardie », lancé à l’initiative de l’organisation internationale TFT, The Forest Trust, avec des agriculteurs engagés dans l’agriculture de conservation, Jeunes Agriculteurs, la région Hauts-de-France et son projet Rev3, et divers partenaires. Nous cherchons à partager cette démarche avec d’autres industriels, notamment Bonduelle, et des groupes sucriers, avec des distributeurs comme E. Leclerc. Notre objectif est de sensibiliser d’autres exploitants de Picardie à l’agriculture de conservation. Ce n’est pas facile, car il n’existe pas de recettes toutes faites, chacun progressant à partir de sa propre expérience sur sa ferme.
Faire connaître ces valeurs
La grande difficulté est de faire passer ces valeurs jusqu’au consommateur. Nous avons commencé par la marque Mousline, sur notre site internet et avec un film TV. Nous expliquons que la purée est composée à 99 % de pommes de terre, produites autour de notre usine de Rosières-en-Santerre, par des agriculteurs respectueux de l’environnement, qui prennent soin du terroir. Nous parlons d’agroforesterie, de biodiversité, mais pas encore d’agriculture de conservation. Cela étant dit, nous y réfléchissons. La même démarche est déployée en blé. Nous l’avons initiée en renforçant le dialogue avec les producteurs par le biais de certaines coopératives, Vivescia notamment.
Avec la nouvelle génération
Nestlé est également en contact avec le ministère de l’Agriculture et son projet d’agroécologie, pour voir comment montrer l’utilité de ces différentes démarches. L’intérêt de l’agriculture pour la réduction du gaz carbonique et la lutte contre l’effet de serre mériterait aussi d’être mieux connu. Nous nous sommes aussi engagés auprès de Jeunes Agriculteurs, en soutenant financièrement leur fonds de dotation « Terres Innovantes », dont l’objectif est de resserrer les liens entre les agriculteurs et la société. Il est important de construire avec la jeune génération, car c’est elle qui fera l’agriculture de demain.
(1) Association pour la promotion d’une agriculture durable.