« Notre congrès de 2024 au pays des volcans auvergnats est marqué par des rangs éclaircis car certains de nos collègues sont présents sur les manifestations qui se déroulent actuellement sur tout le territoire français, souligne Damien Brunelle, président de France Grandes Cultures (FGC). La Coordination rurale vient d’être reçue par le ministre de l’Agriculture et par le Premier ministre. Nous défendons la souveraineté alimentaire qui est un enjeu d’avenir pour notre agriculture familiale. La France est leader en matière environnementale mais pas dans la dignité de ses paysans ! »
Inquiétude au quotidien
Les exigences environnementales et l’inquiétude qu’elles génèrent au quotidien pour les producteurs étaient précisément le thème retenu pour le congrès de 2024. Deux experts ont apporté leurs regards croisés avant d’échanger avec la salle. Le sujet phare de la décarbonation a été traité par Dominique Verneau, membre du cercle thématique sur l'agriculture et l'alimentation de l’association Les Shifters (1).
De son côté, Jérôme Ossard, président de l’association Audace (Pour « Association des utilisateurs et distributeurs de l’agrochimie européenne »), a abordé la question de l’anticipation et de l’adaptation à la suppression des molécules phytopharmaceutiques.
Carbone : des équations complexes
Pour Dominiqe Verneau, « éviter le scénario du pire avec une augmentation de 4°C de la température en France d’ici à 2050 impose une maîtrise des émissions de gaz à effet de serre en tant que citoyen et entreprise ».
Pour diminuer ses émissions, participer à un plus grand stockage de carbone, et contribuer à la production d’énergie décarbonée en remplacement des fossiles, les leviers d’action à la portée d’une entreprise agricole consistent à :
- Évaluer et diminuer son bilan carbone ;
- Développer les pratiques agroécologiques ;
- Diminuer l’utilisation d’intrants ;
- Maîtriser sa consommation d’énergie et en produire ;
- Adapter sa production à un marché plus résilient.
Dans la pratique, la double contrainte carbone de l’agriculture, qui doit à la fois stocker du carbone et produire des aliments et de l’énergie, conduit à des équations complexes. Et cela dans un contexte d’une moindre disponibilité en énergie (divisée par deux d’ici à 2050) et d’un besoin de +50 % de l’alimentation mondiale.
Les solutions évoquées à un niveau collectif passeraient par :
- Rééquilibrer les régimes alimentaires (moins de viandes, moins de produits ultra-transformés…) ;
- Réduire le gaspillage alimentaire ;
- Relocaliser la production, la transformation et la consommation ;
- Favoriser l’emploi dans le secteur agricole ;
- Soutenir les externalités positives.
Une association sur la thématique des produits phyto
L’association Audace, créée en 1997 par Daniel Roques, proche partenaire de la Coordination rurale, travaille quant à elle depuis vingt ans en partenariat avec le syndicat sur les problématiques liées aux produits phytosanitaires (dérogation de 120 jours, usages orphelins DomTom, règlementation biocontrôle, séparation du conseil et de la vente...). Forte de plusieurs centaines d’adhérents (agriculteurs, groupements d’achat, fabricants…), elle compte 30 procédures en cours (autorisation de mise sur le marché, ou AMM, distributeurs étrangers…).
Ses actions portent sur les commissions (pas d’interdiction sans solution), la mise en place d’une procédure AMM destinée aux biocontrôles, l’application de l’art. 40 (distorsion de concurrence et pertes de solutions), soutenir les substances actives (telles que le prosulfocarbe), ou encore soutenir certains acteurs GIE Biocontrôle dans le dépôt des AMM.
(1) Les Shifters est une association de citoyens bénévoles soutenant The Shift Project.