Ancrage territorial
Selon l’Alliance coopérative internationale, on compte aujourd’hui 800 000 coopératives dans le monde, dans une grande diversité de secteurs : l’agriculture, les commerces, les services à la personne, les consommateurs… Elles réunissent pas moins d’un milliard de membres, c’est considérable ! Pourtant, leur modèle reste méconnu et, en tout état de cause, pas reconnu à sa juste valeur.
La solution coopérative n’est pas un antidote aux mauvaises pratiques sociales ou écologiques, mais elle permet d’ancrer l’activité et l’emploi localement. Depuis leur naissance au XIXe siècle, les mouvements coopératifs continuent d’afficher un projet politique avec cet attachement au territoire comme fil conducteur.
Vocation émancipatrice
Leur identité commune se fonde sur quatre grands principes : la liberté et la responsabilité des acteurs, leur pouvoir démocratique, leur participation à la vie économique et, enfin, l’indépendance et l’autonomie, grâce à l’outil collectif. Il n’y a pas de coopération sans engagement capitalistique et humain. Une coopérative fonctionne si ses membres s’engagent. Sinon, elle se banalise. On ne soulignera jamais assez la vocation émancipatrice de ces principes coopératifs !
L’argent et le projet
Leur mission première est de rendre service aux coopérateurs, tout en faisant durer la structure le plus longtemps possible. À la différence des entrepreneurs classiques, dont la finalité est surtout patrimoniale, avec un espoir de plus-value lorsqu’ils revendent leurs sociétés. Il faut toutefois couper court aux idées reçues sur une vision non lucrative des coopératives : elles se doivent de faire de l’argent. La question est ce qu’elles en font. L’argent est-il un moyen au service du projet, ou est-il la finalité ?
Pouvoir de l’adhérent
En agriculture, les coopératives se sont calquées, depuis les années 1980, sur la vague néolibérale. Bon nombre d’agriculteurs s’y sont engouffrés, en même temps que dans le productivisme. Ce qui explique la défiance de certains… Reste que les coopératives d’aujourd’hui et de demain sont et seront forcément différentes de celles d’hier. Oublions les modèles anciens : dans une économie mondialisée, les grandes entreprises vont continuer de se concentrer, et les coopératives aussi, avec des structures à plusieurs niveaux. Il faut admettre l’idée que le pouvoir de l’adhérent n’est plus dans la décision des projets d’actions, mais dans la désignation de ses dirigeants.
Gigantisme
Même si le gigantisme est sujet à caution, la France et l’Europe doivent faire le constat que dans un monde totalement dérégulé, il est impératif de s’organiser plus fortement dans chaque filière, à l’échelle européenne. Surtout, pour faire face à des géants comme le néozélandais Fonterra dans le lait. Les coopératives vont continuer de perdre des adhérents. Mais elles n’en sont pas moins un levier essentiel de sécurisation des débouchés et de moindre volatilité sur les prix.