La coopérative des producteurs de viande d’Alsace (Copvial) a été placée en liquidation le 28 juillet 2016, laissant pour un peu plus de 3 millions d’euros d’impayés à une centaine d’éleveurs de porcs et de bovins. Dès le lendemain, les organisations professionnelles s’étaient mobilisées pour éviter le pire aux premiers concernés. Le pari de couvrir entre 60 et 70 % des pertes semble en passe d’être tenu. Plusieurs leviers ont été actionnés. La compensation entre les montants dus par la coopérative à ses membres, et inversement, a joué en premier pour réduire le préjudice subi par les éleveurs à quelque 2 M€. La MSA a accordé une prise en charge de cotisation d’un montant moyen de 3 400 € à 34 exploitations et attend un arbitrage ministériel pour une enveloppe Agridiff. La coopérative Cristal Union a accepté de baisser de 10 % le prix de rétrocession des pulpes de betteraves aux engraisseurs bovins.
Plus d’une année de revenu envolée !
Le conseil régional pourrait aussi apporter sa pierre à cette consolidation, sous forme d’un soutien financier à l’appui technique. « Il n’y a plus de collecte de données techniques, car les éleveurs ont économisé sur tout et n’ont pas renouvelé leurs adhésions. Il faut aider à la relance de la production », insiste Patrick Bastian, conseiller régional.
Sur le terrain, les éleveurs tiennent grâce aux banques. « J’ai négocié un prêt de trésorerie sur un an, qui m’a fait dépasser les 30 % de taux d’endettement. J’espère pouvoir prétendre à l’enveloppe Agridiff, indique cet engraisseur de taurillons. Les éleveurs se sont beaucoup réunis. La solidarité s’est exprimée en mots. Pour ma part, plus de vingt têtes ne m’ont pas été payées. J’ai perdu mes parts sociales. Même si tout ce dispositif aboutit, j’aurai travaillé pendant un peu plus d’un an pour rien. »
À Kleinfrankenheim, près de Strasbourg, Laurent Uhlrich, 500 truies naisseur-engraisseur, a une grosse ardoise, dont il préfère taire le montant exact. L’ensemble de ses livraisons de mai 2016 ne lui ont pas été payés. « Je n’ai toujours rien touché. J’ai souscrit un court terme renouvelable de six mois. Les fournisseurs ont allongé leurs délais de paiement. L’abattoir repris par Bigard paye à trois semaines et non plus quatre. Paradoxalement, les producteurs de porc sont moins en crise qu’il y a un an et résistent mieux que leurs collègues dans le bovin. Nous le devons à la conjoncture. C’est le cours actuel à 1,50 €/kg, voire plus, qui nous sauve. »