Les résultats du Grand débat coopératif mené en 2018 par Coop de France ont révélé que 32 % des coopérateurs affirment que leur voix n’est pas assez entendue. Comment expliquez-vous ce résultat ?
Actuellement, il émerge une nouvelle demande sociale poussée par les réseaux internet. Un sentiment de défiance se développe dans les organes démocratiques, y compris dans nos coopératives. Les adhérents veulent des systèmes de fonctionnement davantage participatifs. L’enjeu de la gouvernance est de s’y adapter.
Comment ?
Les coopératives doivent rencontrer plus souvent leurs adhérents pour expliquer le contexte des marchés et chercher ensemble les leviers de la réussite. Elles doivent écouter ce que les coopérateurs ressentent tout en gardant un lien de proximité. Les enjeux actuels sont difficiles à accepter parfois. Nous ne sommes plus en flux poussés mais en flux tirés : on doit produire ce dont le consommateur a besoin. Les coopératives doivent être capables d’expliquer leur stratégie face à ces nouveaux enjeux.
Votre prédécesseur avait promis qu’une charte sur la gouvernance des coopératives agricoles serait présentée lors du prochain Salon international de l’agriculture. Allez-vous reprendre cet engagement ?
Oui. Nous dévoilerons au Salon de l’agriculture un document retraçant les bonnes pratiques. On ne sait pas encore si on l’appellera charte, guide ou code, mais il sera indispensable pour répondre aux attentes de nos adhérents et de la société. Il contiendra des engagements et des recommandations. C’est un outil qui permettra aux coopératives de rentrer dans une démarche de progrès que l’on pourra mesurer.
Le gouvernement doit prendre, dans les prochaines semaines, une ordonnance pour réformer le droit de la coopération agricole. Une opportunité à saisir ?
On confond le cadre réglementaire et le fonctionnement de la gouvernance. Nous n’avons pas besoin de code rural pour consulter les adhérents. Les réponses à apporter sont beaucoup plus dans l’adaptation de nos modèles. Le gouvernement est en train de chercher, par du “tripatouillage réglementaire”, à masquer un déficit de compétitivité de l’agriculture française liée à une surréglementation. Chacun sa mission. Laissons les coopératives régler leurs problèmes de gouvernance. Au ministre de ne pas nous empêcher de travailler et de nous accompagner dans des choix stratégiques et déterminants pour améliorer notre compétitivité.