Guerre en Ukraine, tarifs douaniers aux États-Unis, ripostes européennes… Cet empilement alimente l’instabilité des marchés des matières premières destinées à l’alimentation animale. En Ukraine, les agriculteurs continuent de produire malgré les conditions difficiles. Les prévisions annoncent une récolte de 20,9 Mt en 2025-2026, contre un pic à 24,5 Mt en 2021-2022 et un plancher à 19,9 Mt en 2023-2024.
Le prix des intrants recule encore (20/06/2025)
Rétablissement de quotas avec l’Ukraine
« Rien ne dit qu’ils pourront continuer, alors que 20 à 25 % du territoire est occupé et que les infrastructures portuaires, qui assurent 80 % des exportations, souffrent chaque mois d’une centaine d’attaques russes », s’inquiète le président du Coceral (Comité européen des importateurs de grains et d’huile), Ted Swinkels. Il intervenait au congrès de la Fefac (Fédération européenne des fabricants d’aliments composés pour animaux), le 29 mai à Rome.

Sous la pression de pays comme la Pologne et la Slovaquie, l’Union européenne a annoncé le 22 mai le rétablissement de quotas — et donc de droits de douane — sur plusieurs produits, dont le maïs, le poulet et le colza, à compter du 6 juin. Les négociations restent toutefois ouvertes.
Tensions commerciales avec les États-Unis
À cette incertitude s’ajoutent les tensions commerciales avec les États-Unis. La suspension temporaire des hausses de droits de douane par l’administration Trump reporte leur application au 14 juillet pour le maïs et le corn gluten feed, et au 1er décembre pour le soja. Dans le cadre des négociations bilatérales, l’UE propose toutefois d’augmenter ses achats de soja.
« Le problème, c’est l’incertitude, alors que notre métier d’acheteur en nutrition animale consiste à anticiper pour tempérer les hausses comme les baisses, explique Nicolas Coudry-Mesny, vice-président de la Fefac. Mais comment acheter à un importateur qui ne sait pas d’un jour à l’autre si son soja va être taxé de 10, 20, voire 30 % ? »

Les Chinois, encore plus exposés aux tensions commerciales avec Washington, sont prêts à se passer du soja américain, alors qu’ils en achetaient jusqu’à 35,8 Mt en 2020-2021. Ils pourraient n’en importer que 22,5 Mt cette campagne, voire 5 Mt en 2025-2026.
« Cela semble ne pas affecter directement l’UE, qui se fournit principalement en Amérique du Sud, pointe Ted Swinklers. Or, la Chine pourrait assécher nos sources d’approvisionnement habituelles, » L’UE importe en effet quelque 7,4 Mt de graines et 9,3 Mt de tourteau du Brésil, et du tourteau argentin (5,5 Mt en 2023-2024).