« En ce moment, l’actualité [géopolitique] va très très vite », a souligné Benoit Piètrement, président du conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer, le 12 mars 2025 à l’issue de la réunion mensuelle du groupe d’experts. Deux éléments récents pourraient notamment impacter le marché des céréales.
Les représailles commerciales européennes
D’abord, la réaction de la Commission européenne à la mise en place des droits de douane de 25 % imposées par Donald Trump sur l’acier et l’aluminium. Elle a annoncé le 12 mars au matin « que les mesures de rétorsion de 2018 allaient être remises en place et propose un paquet de nouvelles mesures qui pourraient toucher différents produits, et notamment des produits agricoles », rapporte Julie Garet, cheffe de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer. La Commission a mis en place une consultation des parties prenantes, jusqu’au 20 mars.
Pour l’heure, l’impact sur les céréaliers européens « paraît très difficile à évaluer », estime Julie Garet. La situation est « très instable » et « peut changer les partenariats habituels ». De manière générale, et selon les mesures qui seront mises en place au niveau européen, cela « pourrait changer les dynamiques d’importations ». Elle rappelle que l’Union européenne a par exemple importé des volumes de maïs importants depuis les États-Unis sur la campagne de 2024-2025.
Bombardement en mer Noire
Deuxième évènement marquant : une frappe sur un cargo de blé en mer Noire. Au matin du 12 mars, « une attaque de missile balistique russe sur le port d’Odessa a endommagé un cargo en train de charger du blé à destination de l’Algérie », rapporte Julie Garet. Le trafic a été suspendu sur le port d’Odessa.
« Cela va forcément avoir des impacts sur les routes maritimes de la mer Noire », estime Benoit Piètrement. Mais dans quelle mesure, à court et à moyen terme ? Difficile à dire pour le moment.
Dans sa dernière chronique hebdomadaire pour La France Agricole publiée le vendredi 7 mars, Argus Media soulignait déjà que « l’incertitude du contexte géopolitique continue de provoquer le trouble sur les marchés agricoles mondiaux, […] reléguant les risques climatiques au second plan. »