« Comparativement au début de juin, les prévisions de production au niveau mondial ont été revues à la baisse. De 34 millions de tonnes, elles sont ainsi passées à 32,8 millions de tonnes », indique Yannick Carel, chargé d’études économiques chez Arvalis.

Une prévision de récolte revue à la baisse

« En Europe, les récoltes sont terminées et plus basses que prévu : 7,2 millions de tonnes, contre 7, 7 millions de tonnes, estime le spécialiste. En France, la production atteint finalement à peine 1,3 million de tonnes. Mais ce qui a surtout été revu, ce sont les productions en Espagne, en Grèce et notamment en Italie, où l’on passe de plus de 4 millions de tonnes prévues, à près de 3,8 millions de tonnes. »

« Dans ce pays, les pluies en juin ont fait baisser les poids spécifiques et créer du mitadinage. Ainsi, outre le problème de quantité, des questions se posent au sujet de la qualité. C’est aussi le cas en Grèce et dans le sud-ouest de la France. »

Le Maghreb aux achats

« Le Maghreb accuse, quant à lui, la pire récolte des vingt dernières années. La Tunisie est la plus impactée, avec une production divisée par deux. L’Algérie va à peine arriver à 2 millions de tonnes, alors que d’habitude elle récolte 3 millions de tonnes. Pour le Maroc, c’est mieux que l’an dernier, mais cela reste largement inférieur à ce qu’ils ont l’habitude de faire. Le Maghreb sera donc aux achats. »

« Le Mexique a lui aussi revu à la baisse sa production avec des surfaces inférieures aux prévisions. Et pour le moment, les estimations pour le Canada, qui domine le marché, sont proches de 5,5 millions de tonnes. Un chiffre assez optimiste vu la sécheresse qui sévit dans ce pays. Si ça ne paraît pas aussi grave qu’en 2021, sa production pourrait être revue à la baisse de 500 000 tonnes ou plus.

Cours élevés pour le blé aux normes

« Sur ce marché tendu, une production mondiale qui baisse d’un peu plus de 1 million de tonnes, c’est conséquent, d’autant que la consommation est d’habitude autour de 34 millions de tonnes, observe Yannick Carel. Ainsi, pour la cinquième année consécutive, les stocks mondiaux vont de nouveau se restreindre à un niveau jamais vu depuis plus de 30 ans. »

« Les cours sont donc assez élevés en France. Toutefois, il risque d’y avoir deux situations. Pour un blé dur aux normes, le prix payé aux agriculteurs est actuellement autour 375 €/t, soit près de 160 €/t de plus que du blé tendre. En revanche, sur les bassins du Sud-Ouest, voire du Sud-Est, qui présentent de moindres qualités, il y aura probablement des réfactions. »