« Nous sommes dans une période très compliquée où les fondamentaux vont à l’encontre de ce qui se passe à très court terme », observe Maxence Devillers, consultant chez Agritel. Si les cours du maïs a progressé ces derniers jours, faisant suite aux bombardements russes sur les installations ukrainiennes de stockage portuaires et fluviales (lire l'encadré), les fondamentaux sont orientés à la baisse, car les marchés sont suffisamment approvisionnés. La production mondiale de maïs est estimée par le Conseil international des céréales à 1 220 millions de tonnes pour 2023-2024.

Une récolte plus abondante dans l'Union européenne
L’Union européenne devrait récolter 60 millions de tonnes, un chiffre supérieur à celui de l’an dernier qui était catastrophique avec 53 millions de tonnes. Cela reste inférieur à la moyenne sur cinq ans (65 millions de tonnes) du fait d’une baisse des surfaces. Ce recul de la sole de maïs est structurel. Il est lié à la hausse des coûts de production depuis trois ans et des restrictions d’irrigation. La Commission européenne a évalué le rendement de 2023-2024 à 75,3 q/ha dans son bulletin du 24 juillet, contre 76,1 q/ha un mois plus tôt.
De son côté, l’Ukraine pourrait récolter plus de 26 millions de tonnes (27 millions de tonnes en 2022). Le problème va être d’exporter les grains : « Les quantités en transit dépendront de la poursuite du conflit », souligne l’analyste d’Agritel.
Production record au Brésil
Aux États-Unis malgré la sécheresse, la production de maïs pourrait atteindre 375 millions de tonnes grâce à la hausse des surfaces de 3 millions d'hectares par rapport à 2022 aux dépens du soja. Mais la demande à l’exportation est limitée car la Chine achète moins de maïs depuis deux à trois ans et s’approvisionne plutôt au Brésil où les prix sont moins élevés, ce qui rend la situation lourde sur le marché américain.
Le Brésil termine sa récolte de 2022-2023, avec une production record à 133 millions de tonnes, contre moins de 100 millions de tonnes ces dernières années. Ces grains commencent à arriver sur le marché. « Le pays voit ses surfaces augmenter de 1 million d'hectares tous les ans », explique le spécialiste. Le Brésil va ainsi pouvoir exporter 58 millions de tonnes en 2022-2023 et pour la première fois, devenir le premier exportateur mondial de maïs, devant les États-Unis qui ont exporté 41 millions de tonnes en 2022-2023 et entre 45 et 50 millions de tonnes en 2023-2024.

« Le Brésil gagne en puissance tous les ans avec l’augmentation des surfaces et est en train de devenir petit à petit, et de façon durable, le principal acteur sur le marché du maïs », avance Maxime Devillers. Fondamentalement, vu que le Brésil exporte beaucoup et réalise une production record, cela peut détendre le marché, à condition que l’Ukraine puisse exporter.