« Agrocarnage », proclamaient deux grosses banderoles brandies dans le cortège, réuni à l’appel de la Confédération paysanne le samedi 16 novembre 2024, en soutien au collectif Stop tomates industrielles. Le syndicat agricole souhaitait ainsi non seulement dénoncer le projet de serre chauffée de 32 hectares à Isigny-le-Buat, mais aussi « l’accaparement du marché de l’alimentation par les multinationales ».

Des « multinationales […] en concurrence directe avec les paysans »

« Le libre-échange n’est pas le seul danger pour les agriculteurs. Certaines multinationales sont maintenant productrices d’aliments, en concurrence directe avec les paysans. Agro Care en est l’exemple parfait », estime la Confédération paysanne dans son appel à manifester.

Dans une ambiance calme et bon enfant, les participants de tous âges, accompagnés de six tracteurs, ont traversé en musique le bourg normand jusqu’au terrain où est prévu le projet de construction des nouvelles serres d’Agro Care. La préfecture de la Manche a rejeté cette semaine l’autorisation environnementale de cette extension, qui veut porter de 12 à 32 hectares la surface des serres de tomates.

Si le projet voyait le jour, l’installation serait, selon ses détracteurs, la « mégaferme de tomates » la plus grosse d’Europe. « Le préfet a dit “stop” mais restons très vigilants ! », a lancé sur place Gérard Chauvet, cofondateur du collectif Stop Tomates avec Odile Marqué, riveraine des terres où l’extension est prévue. « La terre doit être aux agriculteurs », a-t-elle lancé.

Le conseiller régional écologiste Guillaume Hédouin a, quant à lui, fustigé auprès de l’AFP un « projet qui consomme des terres agricoles pour des serres chauffées et une production d’alimentation destinée à l’exportation », tout en écrasant la concurrence des maraîchers locaux, selon lui.