Quelle agriculture souhaitons-nous pour les cinq prochaines années ? À six jours du scrutin des élections européennes, la Confédération paysanne appelle les agriculteurs et agricultrices « à s’exprimer » en se déplaçant aux urnes. Pour « sortir d’un système économique injuste », défendre une « Europe de coopération », ou encore « abandonner le renforcement des politiques sécuritaires », le syndicat prône un « projet de rupture avec le système économique néolibéral actuel ».
Six thématiques méritent l’attention des candidats, estime le syndicat minoritaire. À l’international, il faudrait « réguler les marchés agricoles » en sortant des accords de libre-échange et de l’OMC, une protection de l’agriculture soutenue par les écologistes, les insoumis, les socialistes, et dans une moindre mesure (remise en cause des accords existants), le Rassemblement national et Reconquête.
Sur la Pac, le syndicat plaide pour transformer les aides à l’hectare en aide à l’actif, une proposition soutenue par les listes La France Insoumise et Europe Écologie Les Verts (EELV). L’objectif est de « soutenir l’emploi paysan et la transition agroécologique ».
Dans cette vision, la Confédération paysanne veut « préserver les droits des paysans sur les semences » et s’oppose « à la déréglementation des nouveaux OGM ».
Abattoirs de proximité
Le syndicat souhaite « stopper les fermes usines » en faisant la promotion d’un « élevage basé sur le lien au sol mettant en adéquation la taille des cheptels et les ressources locales disponibles ». Cet élevage idéal serait assuré grâce à un maillage d’abattoirs mobiles ou de proximité, alors que les abattoirs français peinent à rester en vie. La Commission européenne va déjà dans ce sens, en ayant adopté, le 14 décembre dernier, un règlement pour autoriser l’abattage à la ferme.
Sujet relégué à la seconde place dans le projet de loi d’avenir et d’orientation agricole national, le foncier se joue aussi à l’échelle européenne. La Confédération paysanne souhaite « déployer une politique foncière favorable à l’agriculture à taille humaine ». Parmi les mesures proposées, la régulation du marché foncier à l’échelle européenne, la lutte contre la concentration foncière et des droits de préemption pour les jeunes et l’agroécologie paysanne.
Sur la ruralité, le syndicat plaide pour « améliorer l’accès aux services publics et freiner l’isolement ».
« Régulation du marché foncier »
Les questions agricoles et environnementales étant régies majoritairement par la politique agricole commune (Pac), les élections européennes qui se déroulent du 6 au 9 juin à travers toute l’Union européenne sont un enjeu majeur pour l’avenir agricole des prochaines années.
Cette année, 38 listes se sont déclarées candidates pour remplir les rangs des 81 députés français au Parlement européen. Dans ce cadre, les différents syndicats et organisations agricoles se mobilisent pour appeler les agriculteurs et agricultrices à se déplacer aux urnes le dimanche 9 juin.
Un appel qui devrait être entendu par les agriculteurs, déjà conscients de l’importance de ces élections. D’après un sondage mené par le Cevipof et l’Agro de Toulouse, plus de six agriculteurs sur dix ont prévu d’aller voter, contre moins de cinq sur dix pour l’ensemble des Français.