. Il présente sa « vision étape par étable » pour construire « le monde agricole d’après » avec trois mots-clefs « Protéger, installer, socialiser ».
« J’ai senti le ministre dépité » clame la Conf’
Sur le plan européen, Nicolas Girod a également exprimé au ministre sa critique par rapport aux réponses faites par l’Union européenne face à la crise. Il espère ne pas connaître la même déception avec les discussions prochaines sur la nouvelle Pac. « Cette crise pose question sur la gestion des volumes et leur maîtrise au niveau européen mais je ne sens pas l’Europe capable de se la poser. »
Le syndicat ne croit pas non plus aux capacités de Didier Guillaume pour changer la donne. « Je l’ai senti dépité par rapport au manque de réponses de l’Europe dans cette crise et isolé pour porter un projet pour la Pac revisité et ambitieux. Il part perdant d’avance et ça nous pose sérieusement question. » Nicolas Girod espère maintenant qu’Emmanuel Macron défende une « Pac ambitieuse » lors de la prochaine réunion des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne qui aura lieu le 19 juin.
La loi foncière définitivement enterrée
Le syndicaliste a également évoqué avec Didier Guillaume les évolutions réglementaires autour de la gestion du foncier agricole. « Il nous a dit clairement qu’il ne fallait plus penser à une loi foncière pour ce quinquennat, relate Nicolas Girod. C’est frustrant car un gros travail de consultation a été réalisé sur ce sujet. Mais le ministre ne met pas tout à la poubelle. Des avancées sur 3 points pourraient être prises par des règlements et décrets. »
Les textes porteraient selon lui sur la régulation et la transparence des montages sociétaires contournant le contrôle des structures, la conditionnalité des aides à l’installation au statut d’actif agricole ainsi que sur la transmission. Même si ce dernier point précis, le projet du ministère reste « encore flou » selon Nicolas Girod.
La Coordination rurale pointe du doigt la grande distribution
Après la Confédération paysanne, c’était au tour de la Coordination rurale d’être reçue par Didier Guillaume ce jeudi 11 juin. Bernard Lannes, son président, s’inquiète lui aussi d’une montée de la précarité alimentaire. « La tendance n’est pas favorable. Il y aura une vague de chômage qui va entraîner les gens à orienter leurs choix vers des produits à bas prix. »
Le syndicaliste craint que la grande distribution se saisisse de ce phénomène et de la réouverture des frontières pour remettre dans ses rayons des produits importés moins chers que les produits français. Concernant la montée du chômage, Bernard Lannes estime que l’agriculture est une solution. « Chaque année, il y a un grand nombre d’emplois qui restent à pourvoir, et ce sont des métiers qui ne sont pas aussi difficiles que barman ou serveur. »
À la suite de son entretien, la Coordination rurale a publié un communiqué où elle écrit avoir été « choquée par le mépris du gouvernement envers les agriculteurs touchés par la crise ». « Non seulement le gouvernement n’annonce que des plans pour les filières pommes de terre et horticulture mais en plus ils seront gérés par les interprofessions où le poids des producteurs est faible », s’insurge le syndicat.
Il annonce avoir demandé « des mesures systémiques pour garantir la pérennité des fermes, notamment un mécanisme similaire à celui mis en place aux Pays-Bas : si la perte de chiffre d’affaires est supérieure de 30 % par rapport à la moyenne de l’année précédente ou des trois années précédentes, l’agriculteur obtient une compensation financière à hauteur de 70 % de la perte. »