« Le recul des résultats économiques en 2023 concerne la quasi-totalité des filières. » Comme ressenti par les agriculteurs, les résultats économiques de 2023 publiés en décembre 2024 par Agreste, le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, offrent un état des lieux des exploitations agricoles plutôt pessimiste.
En 2023, l’excédent brut d’exploitation (EBE) des exploitations agricoles atteint une moyenne de 66 450 € par équivalent temps plein (ETP) non salarié, toutes orientations de production confondues. « Il recule ainsi de 25,7 % par rapport au niveau historique atteint en 2022 après deux années consécutives de forte hausse (+26,9 % en 2021 puis +21,3 % en 2022), mais reste au-dessus du niveau moyen de 2018-2020 », note Agreste. Ce niveau historique n’avait pas été atteint depuis 1990.
1. Un solde disponible moyen de 29 340 €
Le résultat courant avant impôt (RCAI) par ETP non salarié, net des charges financières et des amortissements, se replie également sur un an (–38,8 %), à 36 200 €.
Le solde disponible par ETP « recule nettement, lui aussi, en 2023 pour s’établir à 29 340 €, soit une baisse de 44,7 % par rapport à 2022 ». Il permet de rémunérer l’exploitant et de développer l’exploitation en investissant.
2. Une baisse de production généralisée
Toutes filières confondues, les exploitations agricoles connaissent une baisse de production moyenne de 6,9 % (en valeur en termes réels, c’est-à-dire corrigés de l’inflation). La baisse des revenus peut s’expliquer par la baisse de production mais aussi par la hausse des charges, « persistante », même si « moins importante que les années précédentes », souligne Agreste. Cette hausse a été particulièrement élevée pour les engrais et les amendements (+27,8 %). En revanche, les charges d’alimentation sont restées quasi stables (- 0,5 %).
3. Les céréales et protéagineux à la peine
Les filières les plus touchées par la baisse de production sont d’abord les exploitations spécialisées en céréales et oléoprotéagineux : la production de l’exercice 2023 chute de 21,9 %. Celles spécialisées en pommes de terre et en betteraves sucrières « connaissent, en 2023, des baisses de résultats économiques moins marquées », soit –4,6 %. La valeur de production des exploitations viticoles est elle en baisse de 9 %, tandis que la production de lait recule de 1,4 %. Plus généralement, la production des élevages de bovins laitiers diminue de 6,3 % en 2023. En revanche, les élevages de bovins à viande voient leur production progresser de 0,5 %, la production et les prix des filières avicoles sont en hausse également, mais l’EBE des exploitations de la filière est freiné par une baisse des aides de crise liée à la grippe aviaire. La production des élevages de porcs est stable (+0,1 %).
Lecture : En 2023, une exploitation spécialisée en céréales et oléoprotéagineux a eu un excédent brut d’exploitation moyen de 40 571 euros. Le résultat avant impôt (RCAI, voir l'encadré) de l’exploitant était de 11 969 €, en baisse de 82,7 %.
4. Une grande diversité de revenus même au sein d’une filière commune
Des écarts d’EBE importants s’observent aussi d’une manière générale (ensemble des exploitations). Pour un quart des exploitations, l’EBE par ETP non salarié est inférieur à 22 900 €. À l’inverse, un autre quart des exploitations a un EBE par ETP non salarié supérieur à 84 780 €. Un différentiel particulièrement marqué en élevages porcins et en grandes cultures.
Mais le bilan pessimiste de l’exercice 2023 reste global : « Toutes orientations confondues, 7,2 % des exploitations ont un EBE négatif, proportion qui a doublé par rapport à 2022. »
5. 38 790 € de subventions par bénéficiaire
En 2023, les montants moyens de subventions s’établissent à 38 790 € par bénéficiaire, en recul de 7,8 % par rapport à 2022. Cela s’explique notamment par la diminution des aides de crise (baisse indemnisation liées à la grippe aviaire et diminution des aides du plan de sauvegarde de la filière porcine), note le rapport. Les aides Pac, dont 2023 constituait la première année de mise en œuvre de la nouvelle version, ont été maintenues au niveau des années précédentes avec une hausse pour les filières en maraîchage, viticulture et horticulture.