Des prêts bonifiés attendus, mais qui convainquent peu. Lors d’un déplacement dans l’Aude, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a annoncé, le 5 novembre 2024, la mise en place de deux dispositifs de soutien à la trésorerie, avec notamment des prêts à taux bonifié par l’État. Un prêt à taux bonifié est un prêt à un taux inférieur à ceux du marché grâce à des aides de l’État ou d’organismes divers.
Pour la FNSEA et Jeunes Agriculteurs, « cette annonce de prêts à court et moyen termes, aux taux bonifiés et garantis par l’État, va permettre aux exploitants de poursuivre leurs cycles de production ». Les syndicats majoritaires demandent, dans un communiqué du 5 novembre, une « mise en œuvre rapide » de ces mesures. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, s’estime « satisfait d’avoir été entendu ».
Mais l’AGPB (1), association spécialisée de la FNSEA pour les céréaliers, se montre plus prudente quant aux annonces de la ministre. « Si les dispositifs annoncés semblent répondre aux attentes et propositions de la profession, ce sont davantage leurs critères et modalités d’application qui interrogent l’AGPB sur leur réelle capacité à bénéficier aux agriculteurs », estime le syndicat dans un communiqué publié le mardi 5 novembre.
Des taux de 1,5 à 2 %
Le président de l’association spécialisée, Eric Thirouin, déplore que les taux d’intérêt de ces prêts « pourraient être de 2 % sur trois ans », alors que l’association demande « depuis le mois d’août » des prêts à un taux maximum de 1 % sur cinq ans.
Et, effectivement, la ministre a annoncé que les taux des prêts agricoles seraient maintenus entre « 1,5 % et 2 % » grâce à l’intervention de l’État, et que ces prêts pourraient courir sur deux ou trois ans.
Les 2 % de taux d’intérêt se rapprocherait des prêts bancaires classiques, s’inquiète Eric Thirouin. D’après l’indicateur de référence Euribor (servant de taux de base pour toutes sortes de crédits), les taux d’intérêt sur 12 mois au 1er novembre 2024 étaient de 2,62 %.
Autres dispositifs d’aide à la trésorerie
La ministre de l’Agriculture a aussi annoncé un dispositif de « prêts garantis par l’État » (PGE) de cinq ou six ans pour lequel l’État « apporte sa garantie » à hauteur de 50 %. Elle a également promis une rallonge de 20 millions d’euros à l’enveloppe annuelle de 30 millions d’euros pour la prise en charge des cotisations sociales. Au début d'octobre, la MSA avait estimé le besoin de prise en charge à 90 millions d’euros.
(1) Association générale de producteurs de blé et autres céréales à paille.