Des ingrédients pour les laits infantiles, des barres énergétiques, des produits vétérinaires et même des confiseries. « Les débouchés du colostrum dans les 80 pays où nous sommes présents sont nombreux et parfois insoupçonnés », souligne Patrick Meunier, directeur du projet coopératif de la coopérative du Pas-de-Calais La Prospérité fermière/Ingredia.
Le 15 janvier 2019 à Vacognes-Neuilly, dans le Calvados, s’est tenu le lancement officiel de la « toute première collecte des excédents de colostrum structurée à l’échelle de la Normandie ».
300 nouveaux élevages engagés
« Nous commencions à plafonner à environ 300 000 litres annuels collectés auprès de nos 1 500 adhérents. Nous avons cherché un nouveau bassin proche de chez nous. Notre choix s’est rapidement tourné vers la Normandie », complète Serge Capron, le président de La Propérité fermière. Pour recruter des éleveurs sur ce nouveau territoire, la laiterie a aussi dû nouer des partenariats avec les acteurs locaux.
Une part significative des éleveurs normands de bovins lait s’est trouvée ainsi approchée. Et l’accueil réservé pour le moment à cette collecte est plutôt très bon. Au bout de deux mois de mise en place en Basse-Normandie, près de 300 élevages avaient déjà signé des contrats. Depuis quelques jours, la collecte est également mise en place en Haute-Normandie. Les éleveurs n’ont pas d’obligation de livraison en volumes, mais ils s’engagent à respecter les bonnes pratiques.
La coopérative du Pas-de-Calais leur fournit pour cela les seaux et un réfractomètre pour mesurer la concentration de leur colostrum. Charge ensuite à l’éleveur de congeler la production, de la livrer en point de collecte ou de la confier à un membre du réseau.
Améliorer l’élevage
« La priorité est donnée à l’alimentation du veau. Seuls les volumes excédentaires sont attendus », insiste Thierry Humler, président de Littoral normand (contrôle laitier). Le colostrum excédentaire est payé aux éleveurs de la région au même barème que leurs collègues du Pas-de-Calais, c’est-à-dire entre 0,80 €/l et 4 €/l en fonction de la concentration en immunoglobuline G (IgG). Avec une moyenne à 2,50 €/l, cela représente un revenu annuel moyen de 1 500 € pour une exploitation de 80 vaches laitières.
« Cela ne change pas le modèle économique de l’exploitation. C’est plutôt pour se payer des vacances », plaisante Serge Capron. Le principal bénéfice se trouve sur le plan technique. « C’est une nouvelle porte d’entrée pour travailler collectivement à l’amélioration de l’élevage des génisses », souligne Christophe Levavasseur, président de la coopérative Les Maîtres laitiers du Cotentin. Florian Denorme, jeune installé qui accueillait sur sa ferme le lancement officiel de la collecte, compte par exemple s’appuyer sur la dynamique de la filière pour améliorer les niveaux de croissance et réduire l’âge au premier vêlage à 24 mois.
Avec l’élargissement de sa collecte, la coopérative du Pas-de-Calais a de bons espoirs pour accroître de 25 % ses volumes dès 2020 et doubler sa collecte d’ici à quelques années.