Depuis le printemps, plusieurs lots d’œufs provenant d’Ukraine avec un code 3 (élevage en cage) ont été repérés dans différentes grandes surfaces, notamment des enseignes Carrefour et E. Leclerc, selon le CNPO. Carrefour, déjà épinglé par la filière en juin après une vidéo de la Coordination Rurale montrant des œufs en provenance d’Ukraine dans l’un des magasins du groupe, a assuré le 29 août 2025 à l’AFP qu’il ne « commercialise aucun œuf d’origine ukrainienne ».

« Un magasin a eu une initiative regrettable », a admis son concurrent E. Leclerc, ajoutant qu’il s’agissait d’un « cas isolé, qui ne correspond absolument pas à la politique d’achats de l’enseigne. Dès que nous avons eu connaissance de ce cas, nous avons demandé au magasin concerné de retirer immédiatement les lots de la vente », a poursuivi le groupe.

Des ventes en hausse

Face à l’augmentation de la consommation d’œufs, des tensions dans les stocks ont émergé depuis le début de l’année. « Les ventes ont augmenté de 5 % en volume cette année (à la fin de juillet) par rapport à l’année 2024, soit environ 350 millions d’œufs en plus par rapport aux sept milliards de l’année dernière. On a été capable de répondre et de fournir la grande distribution », explique Yves-Marie Beaudet, éleveur et président du CNPO.

« Qu’on en importe un peu d’Espagne ou d’Italie, ça reste en Union européenne, ajoute-t-il. Mais quand on va en chercher en Ukraine, dont les normes ne sont pas en adéquation avec la réglementation européenne, ce n’est simplement pas possible. »

Le président de l’interprofession reconnaît que 300 000 œufs récemment importés par E. Leclerc ne représentent qu’une très faible quantité, mais « c’est peut-être un coup d’essai » visant à s’approvisionner à moindre coût. Il dénonce un double discours de la distribution, dont les fédérations ont quitté l’interprofession des œufs au début de l’été. Selon lui, les enseignes demandent aux producteurs de réduire la proportion de poules en cage mais « ils se permettent d’en importer ».

« Concurrence déloyale »

Les œufs venus d’Ukraine ne respectent pas, selon le CNPO, la réglementation européenne sur l’élevage en cage (notamment sur la densité), ni l’accord de la filière française sur l’ovosexage qui permet d’éviter le broyage des poussins mâles, désormais interdit, ni les normes en matière d’utilisation des antibiotiques.

Le système d’alerte qui signale les problèmes relatifs aux produits agroalimentaires dans l’Union européenne (Rasff) a recensé quatre contrôles en juillet et août ayant révélé la présence d’antibiotiques interdits dans des œufs en provenance d’Ukraine. Ces contrôles, non systématiques, ont été effectués sur des lots reçus en Pologne et en Slovaquie.

Le CNPO appelle les autorités à renforcer les contrôles et propose à la grande distribution à « une réunion d’urgence » pour « remédier à cette situation de concurrence déloyale ».