Plusieurs organisations professionnelles du secteur avicole assurent que les représentants des enseignes de distribution n’ont pas souhaité participer à la réunion concernant le renouvellement de l’accord sur le financement de l’ovosexage, organisée le 19 février 2025 par le ministère de l’Agriculture. Un entretien avec la Fédération du commerce coopératif et associé (FCA), la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) et le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO) figurait en effet à l’agenda de la ministre, Annie Genevard.
Selon nos informations, la distribution a envoyé un courriel la veille au soir pour annoncer leur absence. Trois communiqués, de la Confédération française de l’aviculture (CFA), du Syndicat national des accouveurs (SNA) et du Syndicat national des industriels et professionnels de l’œuf (Snipo), dénoncent unanimement cette attitude.
Blocage des négociations et risque de surcoût pour les éleveurs
Le principal point de friction réside dans la prise en charge du surcoût lié à l’ovosexage, estimé à 40 millions d’euros. La CFA insiste sur le fait qu’il est inenvisageable que les éleveurs assument seuls cette charge. Sans accord au 1er mars, ce coût supplémentaire reviendrait à la charge des éleveurs de poules pondeuses, doublant potentiellement le coût de chaque poussin, alertent les trois acteurs. Une situation qui serait d’autant plus critique que les éleveurs se remettent à peine de la crise de l’influenza aviaire, soulève le SNA.
Le Snipo craint une déstabilisation des cycles de production et un risque accru de pénurie d’œufs. Dans un contexte de « tensions historiques » liées à la baisse de production et à l’augmentation de la consommation, le représentant des industriels et des professionnels de l’œuf craint que la position de blocage de la distribution n’aggrave la situation. La CFA suggère même que les éleveurs pourraient être incités à privilégier les marchés à l’exportation, où les prix sont plus rémunérateurs, face à cette charge supplémentaire.
Appels à la responsabilité et à la reprise du dialogue
Face à cette situation de crise, le SNA appelle la distribution à revenir d’urgence à la table des négociations, estimant que le financement de l’ovosexage a fait ses preuves et a permis à la France de se positionner comme un pionnier en matière de bien-être animal. La CFA exige de son côté un arrêt total des livraisons vers les enseignes Carrefour et Leclerc, jugées responsables du blocage.