La pandémie de Covid a fortement marqué la Chine aussi bien socialement qu’économiquement. La nécessité de nourrir le peuple est apparue encore plus forte. Comme l’a réaffirmé le président Xi Jinping, il est fondamental pour le peuple chinois « de tenir fermement son bol de riz dans ses propres mains ».

Une évolution normale

Y a-t-il une accélération aujourd’hui ? « Non » pour Alain Bonjean, spécialiste agricole de ce pays (1). « Ce que nous constatons n’est que la suite logique du processus commencé depuis une bonne vingtaine d’années avec cette farouche volonté de dépendre le moins possible des importations agricoles. Les achats de Noble en 2013, puis de Nidera en 2015, ensuite Syngenta en 2017 et aujourd’hui l’autorisation des OGM vont dans ce sens. » Rappelons que la Chine reste le plus grand importateur mondial de céréales avec un niveau record, en 2022, de 165 millions de tonnes, dont 9,7 millions de blé, 4,47 de riz et 96,5 de soja.

Le rapport du 20e congrès du parti, sorti récemment, exprime clairement un retour à l’interventionnisme dans l’activité économique. Après une période jugée libérale, l’État chinois sera plus proactif pour apporter une sécurité dans les stratégies de développement. L’agriculture est prioritaire, en se recentrant sur des projets nationaux et une stabilisation des populations rurales. Réussir à gérer la dualité d’une agriculture dotée de près de 500 millions de tout petits paysans et de quelques immenses fermes très productives, tout en évitant l’exode rural qui pourrait être fatal au régime, est un défi majeur.

L’arrivée des OGM

Dernière étape en cours, après 10 ans d’évaluation n’ayant pas permis de déceler d’effets négatifs sur l’environnement et la biodiversité, Pékin s’est décidé à sauter le pas en autorisant la culture des deux céréales, le maïs et le soja, génétiquement modifiés sur son territoire. Par cette nouvelle stratégie, la Chine espère augmenter de 50 %, le rendement moyen de ces deux espèces, réduisant ainsi d’autant ses importations. « La Chine se félicite de l’introduction de maïs génétiquement modifiés pour résister à la pyrale qui cause sur le maïs classique une cassure des tiges, une forte verse et donc une chute ravageuse du rendement, notamment dans le nord-est du pays. L’introduction de ces souches hybride permet de diminuer drastiquement les quantités d’insecticides, pour une avancée environnementale et écologique indéniable », écrit Alain Bonjean dans « le vent de la Chine » paru le 5 février.

(1) Coauteur de « Nourrir 1,5 milliard de chinois en 2030 ».