C’est une tendance à la hausse qui a dominé cette semaine sur la plupart des céréales. Ce mouvement a concerné à la fois le blé, l’orge et le maïs à l’échelle mondiale, le blé et l’orge à l’échelle européenne.

La hausse se poursuit en céréales à paille

Malgré la fermeture des marchés US au début de la semaine pour l’Independance Day, ce sont les céréales américaines qui ont de nouveau donné le ton au marché mondial cette semaine, y compris aux céréales françaises.

Les blés de printemps US à haute teneur en protéines ont continué de voir leur prix grimper en raison du temps très sec sur les plaines du nord des États-Unis qui produisent la majeure partie de ces blés très protéinés (plus de 15 % de protéines). Cela s’est transmis aussi aux blés d’hiver US qui ont gagné 3 $/t sur la semaine et 30 $/t en un mois. Les blés de la mer Noire n’ont pas pu rester indifférents à ce mouvement et se sont appréciés aussi de 11 $/t pour les blés fourragers ukrainiens et de 6 $/t pour les blés russes.

Les blés français ont dû suivre malgré la progression des opérations de récolte. Ils ont gagné 5 €/t à Rouen à 169,5 €/t en base juillet (même prix pour les valeurs meunières et fourragères) se retrouvant à 204 $/t Fob sur le marché mondial. Ils valent 26 $/t de plus que les blés fourragers ukrainiens et 8 $/t que les blés meuniers russes. La situation en Russie reste très incertaine en raison de l’évolution des règles portant sur la TVA. Ces changements risquent d’entraver les exportations sauf si le gouvernement revient sur ses exigences, ce qui ne semble plus exclu aujourd’hui. Sur Euronext, l’échéance de septembre a gagné 4,5 €/t à 177,75 €/t et l’échéance de décembre 5,75 €/t à 184,25 €/t au 06-07.

Une situation tendue pour les blés à très haute teneur en protéines

La situation pour les blés de printemps US est suffisamment critique pour que certains agriculteurs aient déjà décidé de faire pâturer leur champ. Le taux d’abandon des terres risque d’être élevé. Cela va conduire à un bilan tendu cette année pour les blés de très haute qualité aux USA. Même si l’offre mondiale de blé reste importante, cette tension marquée en blé de haute qualité pourrait rester un facteur de soutien pendant de nombreuses semaines encore, y compris pour le prix des blés de moindre qualité.

Achats de l’Afrique du Nord

Le marché du blé a été soutenu aussi cette semaine par des achats de la part de l’Algérie et de l’Égypte ; Le Caire a choisi du blé russe et roumain. L’Algérie se servira probablement en France mais le marché rapporte que l’Argentine pourrait aussi servir une partie de ce dernier achat. Ce facteur a été perçu comme un élément baissier marquant le retour en force et la compétitivité de cet exportateur sud-américain à une période où il est d’habitude peu présent sur le marché mondial.

L’orge suit le blé

La hausse du blé s’est aussi portée sur l’orge : l’orge rendu Rouen a gagné 4,5 €/t à 146,25 €/t et l’orge en Moselle a grimpé plus fortement à 147,25 €/t (+7,5 €/t). Les orges d’hiver brassicoles ont suivi le mouvement gagnant 7 €/t sur la semaine alors que celles de printemps abandonnaient un peu de terrain.

La récolte d’orge d’hiver est en cours (plus de 50 %) avec une avance de 10 jours environ sur le nord du pays. Les premiers retours de rendements sont plutôt bons au regard du printemps sec et du gel tardif. Néanmoins, le prix des orges fourragères va rester influencé par celui du blé dans les semaines et mois à venir. La situation des orges fourragères en Europe s’annonce plutôt tendue dans un environnement mondial où les stocks seront très bas.

Le maïs beaucoup plus calme

Du côté du maïs, les variations sont restées beaucoup plus modérées sur le marché français (–2 €/t pour les prix Fob Bordeaux à 163 €/t mais +1 €/t pour les prix rendu La Pallice à 163 €/t et –1,5 €/t pour les prix Fob Rhin à 170 €/t). Malgré une hausse généralisée sur le marché mondial cette semaine (+2 $/t pour les maïs ukrainiens à +10 $/t pour les maïs brésiliens), les prix français restent comprimés car les maïs français ne sont guère attractifs face aux maïs des pays tiers.

Du côté de la future récolte, le manque d’eau et les fortes chaleurs commencent à se faire sentir. En outre, plusieurs restrictions, voire interdictions, d’irrigation sont entrées en vigueur. Les interdictions concernaient au 6 juillet déjà 21 départements (surtout dans la moitié ouest du pays). Le retour de pluies de la fin de juin a néanmoins offert du répit aux plantes.

Que ce soit en France, en Europe ou dans le monde, le maïs est en train actuellement de regagner de la demande animale aux dépens du blé et de l’orge. Malgré tout, les disponibilités mondiales continuent de s’annoncer importantes et de permettre largement cette augmentation des utilisations. Pas de tension à attendre pour cette céréale mais les périodes clefs pour la floraison et la pollinisation sont sur le point de commencer des deux côtés de l’Atlantique et vont devoir être surveillées de près.

À SUIVRE : résultats des récoltes de céréales à paille en France et Europe, conditions météo aux États-Unis pendant la floraison du maïs et pour le développement du blé de printemps, limitations d’irrigation en France sur le maïs, règles concernant la TVA en Russie

L’envolée des prix du soja entraîne le colza français à la hausse

Les prix français du colza ont augmenté sur la semaine, entraînés par la forte hausse de la fève de soja (voir plus bas). Ils ont gagné 9 €/t en rendu Rouen comme en Fob Moselle. Sur le marché à terme Euronext, ils ont augmenté de 8,25 €/t, à 367,25 €/t (échéance d’août). Un élément baissier du côté des huiles est toutefois venu limiter la progression des cours : le manque d’ambition des mandats d’incorporation de biodiesel et bioéthanol pour 2018 aux États-Unis. En effet l’EPA (Agence de protection de l’environnement des USA) a annoncé une stabilité des objectifs pour l’année prochaine alors que beaucoup d’opérateurs attendaient une hausse. Par ailleurs, la récolte de colza a démarré en France avec dix jours d’avance. Elle est également en cours en Europe du Sud-Est, où les rendements seraient plutôt bons.

Le canola canadien reste ferme. Il a néanmoins perdu 6 $/t sur le rapproché depuis la semaine dernière avec le passage de l’échéance de juillet à l’échéance de novembre. Les craintes liées à la sécheresse et aux fortes chaleurs dans le sud des prairies canadiennes soutiennent les cours. En Australie, l’émergence des plants de colza reste très compliquée en raison du temps sec.

Le prix du tournesol est stable sur la semaine, à 347,5 €/t à Saint-Nazaire. En France, l’état des plants est satisfaisant dans l’ensemble.

Surfaces US et temps sec font flamber les cours du soja

Sur le marché à terme de Chicago, les cours du soja ont flambé cette semaine. Ils ont gagné 24 $/t, à 360 $/t à la clôture du 6 juillet. Vendredi dernier, la publication par l’USDA d’estimations de surfaces US de soja exceptionnelles mais en deçà des attentes des opérateurs a fortement entraîné les prix en hausse. À cela se sont ajoutées les inquiétudes concernant le temps sec dans plusieurs États, notamment Dakota du Nord, Iowa et Arkansas. Selon les prévisions météorologiques pour le mois de juillet, ces poches de sécheresse pourraient se maintenir, rendant quasi inéluctables les pertes de rendement. Les conditions de culture se sont d’ailleurs légèrement dégradées la semaine dernière, passant de 66 % à 64 % des plants dans un état bon ou excellent. Dans le même temps, la demande mondiale reste très forte et le Brésil a encore exporté 9,2 Mt en juin (7,8 Mt en juin 2016).

Les tourteaux suivent la graine

Les tourteaux de soja se sont fortement renchéris à la suite des cours de la graine. À Chicago, ils ont gagné 28 $/t sur la semaine, à 353 $/t. À Montoir, ils ont augmenté de 17 €/t sur le rapproché. Ils ont réagi d’autant plus que les exportations de tourteaux sont dernièrement un peu inférieures aux attentes au départ de l’Argentine (2,9 Mt exportées en mai contre 3,3 Mt en mai 2016) et du Brésil (1,4 Mt exportées en juin contre 1,6 Mt en juin 2016).

Le prix du pois fourrager départ Marne est resté stable cette semaine, à 200 €/t. Le prix du pois jaune a gagné 7,5 €/t, à 238,5 €/t rendu Rouen.

À SUIVRE : premiers résultats de récolte dans l’UE (colza), conditions climatiques au Canada et en Australie (colza), aux États-Unis (soja)

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