Le prix s’est inscrit à la hausse pour l’ensemble des céréales françaises cette semaine, sous l’effet de la vague de chaleur qui s’est abattue sur la France et l’Espagne, faisant planer un danger sur le rendement des cultures.

Blé : la température monte… puis redescend

Après avoir assez peu réagi à l’ascension des prix américains la semaine dernière, les prix physiques français en nouvelle récolte ont finalement pris le train de la hausse cette semaine. Situé à peine au-dessus de 160 €/t le 15 juin, le rendu Rouen a atteint les 170 €/t le 20 juin (tandis qu’Euronext échéance septembre clôturait le 19 juin à 177,5 €/t).

C’est bien sûr la vague de chaleur qui s’est installée dans de nombreuses plaines céréalières de la moitié nord de l’Hexagone qui a déclenché ce sursaut des prix. Les températures ont excédé 32°C plusieurs jours durant et auront un impact sur les rendements des blés en pleine phase de remplissage. L’ampleur des dégâts reste difficile à mesurer, car elle dépendra du nombre de grains dans les épis, du stade de la plante et de la disponibilité en eau au moment de la canicule. Cette incertitude ainsi que la baisse du mercure sont d’ailleurs les causes probables du repli des prix au cours de la seconde moitié de la semaine, combinées avec l’annonce de l’arrivée de pluies dans le nord des États-Unis (encore insuffisantes pour tirer ces blés d’affaire). Les cotations physiques françaises conservent toutefois une hausse à l’issue de la semaine écoulée, de 3,5 à 5 €/t selon les places.

Pendant ce temps, l’Égypte poursuit son programme d’achat de blé, avec son quatrième appel d’offres pour livraison juillet passé le 22 juin, remporté par la Roumanie et l’Ukraine. Le carnet de commandes du Gasc, l’opérateur étatique, se monte désormais à plus de 1 million de tonnes pour livraison juillet, un rythme très soutenu pour un début de campagne, ce qui atteste de la volonté égyptienne de regarnir ses stocks. La France est pour l’heure exclue de ce marché face à la très bonne compétitivité de la mer Noire.

Le marché du blé pourrait connaître de nouveaux accès de fièvre d’ici aux récoltes, car le sort des blés de printemps US est encore très incertain, tout comme le rendement final dans l’ouest de l’UE. Et même si le marché mondial est loin de la pénurie pour 2017-18, il n’est assurément plus aussi lourd qu’en 2016-17. Autre sujet qui pourrait avoir son importance : la réforme en train de se mettre en place sur le système de TVA appliquée à l’export en Russie. Faisant suite à des fraudes massives et à des remboursements indus à des exportateurs qui n’avaient en réalité pas versé de TVA aux producteurs, l’État veut resserrer les boulons. Cela conduirait de facto à la fin d’une subvention étatique (involontaire) à l’exportation et pourrait potentiellement soutenir les prix russes, alors que l’origine russe devrait constituer le plancher des prix meuniers en 2017-18 du fait de sa disponibilité abondante.

Qualité et rendement des orges brassicoles menacés par la canicule

L’orge est elle aussi concernée par la séquence de très fortes températures qu’a connue la France. L’orge d’hiver, dont la récolte a commencé, devrait avoir été épargnée dans la plupart des régions de production du fait de l’avancement de son cycle. L’orge fourragère ne prend ainsi que 0,75 €/t depuis la semaine dernière à Rouen (à 140,5 €/t), et 2,75 €/t (à 142,5 €/t) Fob Moselle. En revanche, l’inquiétude est grande pour l’orge brassicole. En variété de printemps, la cotation Fob Creil progresse de 11 €/t à 195 €/t. Les orges de printemps, moins avancées dans leur cycle, sont les plus susceptibles d’être pénalisées par la canicule, tant pour les volumes que pour la qualité (calibrage et protéines). Cela a également tiré à la hausse les variétés d’hiver (+5 €/t à 160 €/t) malgré la moindre exposition de ces dernières au coup de chaud. La prime de l’orge brassicole de printemps est ainsi propulsée à plus de 50 €/t, un niveau élevé proche de celui de 2016-17.

Maïs : les prix français progressent dans un contexte mondial à la baisse

Du côté du maïs, l’emballement du thermomètre a permis aux prix français de résister dans un contexte de repli des autres origines. L’amélioration de la météo sur les zones de production de maïs aux USA et en Ukraine tire en effet les prix à la baisse dans ces pays. En revanche, le Fob Rhin et le Fob Bordeaux gagnent 4 à 5 €/t sur la semaine. Le temps chaud et sec qui prévaut en France commence en effet à inquiéter. Les maïs qui ont pu être irrigués pendant la canicule n’étaient pas en danger, mais les très fortes températures ont pu être dommageables pour les maïs confrontés à un déficit hydrique. En outre, la liste des départements frappés par des restrictions d’irrigation s’allonge, ce qui est de mauvais augure si le temps sec devait se prolonger. Par ailleurs, les fortes températures se déplacent vers l’est de l’Europe. Elles risquent ainsi d’atteindre la Bulgarie et la Roumanie lors de la phase très sensible de la floraison, ce qui serait alors source de révision à la baisse des rendements dans ces pays.

À SUIVRE : impact de la chaleur sur les céréales en France, poursuite ou non de la sécheresse en Australie et aux États-Unis, conditions climatiques pour le maïs (UE, Ukraine et USA) et restrictions d’irrigation en France, impact de la réforme de la TVA sur les exportations en Russie

Le contexte mondial pèse sur les cours du colza

Les cours du colza français reculent légèrement cette semaine dans un contexte mondial qui pèse sur les cours. Ainsi, sur Euronext, le colza perd 3,75 €/t sur le rapproché (échéance d’août), à 357 €/t. Sur le marché physique, les prix du colza perdent 4 €/t en rendu Rouen et 3 €/t en Fob Moselle. Le recul des cours du soja (voir ci-dessous) et l’amélioration des conditions climatiques au Canada pèsent ainsi sur les prix hexagonaux. De plus, la baisse des prix du pétrole et des huiles (de colza et de palme notamment) entraînent les prix de la graine de colza à la baisse. Malgré ces éléments, les cours français reculent cependant assez peu, car la vague de chaleur de cette semaine a pu entraîner quelques pertes de rendement dans l’Hexagone.

Au Canada, les prix du canola à Winnipeg repartent à la baisse cette semaine (–6,5 $/t). Les pluies et la hausse des températures ont permis d’accélérer le développement des cultures. Au Saskatchewan, 56 % des plants étaient à un stade normal ou légèrement en avance au 20 juin. Toutefois, les conditions météorologiques restent à surveiller, en particulier sur les mois de juillet et août. Il est à noter que la semaine prochaine, l’office de la statistique va publier ses estimations de semis. Les conditions humides ont probablement empêché les agriculteurs d’emblaver la totalité des surfaces prévues, ainsi l’estimation des surfaces semées sera à regarder de près.

En Australie, les conditions climatiques sèches restent aussi à surveiller, car cela pourrait limiter les semis (et donc les volumes importables par l’UE à partir de janvier 2018).

Cette semaine, le prix de la graine de tournesol est inchangé à Saint-Nazaire (à 340 €/t), avec des conditions sèches dans les principaux États européens qui entraînent des inquiétudes sur les semis.

Soja : les cours s’affaissent avec la fin des semis

À Chicago, les cours du soja perdent environ 11 $/t cette semaine sur l’échéance la plus proche (juillet), à 332 $/t. Les semis US sont maintenant quasi terminés avec 95 % des champs semés au 18 juin et 88 % émergés (en légère avance par rapport à la moyenne quinquennale). Environ 67 % des plants affichent une condition bonne à excellente, en recul par rapport à l’an dernier (73 %). Ainsi, avec des semis qui se sont finalement déroulés dans d’assez bonnes conditions, les prix s’affaissent cette semaine, car les disponibilités paraissent plus que suffisantes. Il est à noter par ailleurs que sur la nouvelle campagne, les ventes US sont pour l’instant inférieures à l’an dernier. Le rythme de vente (indicateur de la demande chinoise) des prochaines semaines sera à surveiller.

Tourteaux : le recul du prix des graines pèse sur les cours

Les prix des tourteaux reculent cette semaine dans le sillage de la graine. À Montoir, les tourteaux de soja perdent 7 €/t à 309 €/t sur le rapproché. Sur le marché à terme de Chicago, les cours reculent de 7,5 $/t par rapport à la semaine dernière, à 324 $/t.

Le prix du pois fourrager départ Marne est inchangé cette semaine à 205 €/t (soutenu par le blé). Cette semaine, le prix du pois jaune est quasi inchangé à 236,5 €/t rendu Rouen.

À SUIVRE : récoltes UE et Ukraine, état des plants et météorologie estivale en Amérique du Nord

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