Pourquoi les brasseurs s’impliquent-ils autant dans la création de l’interprofession ?
La relation n’a pas toujours pas été simple entre les houblonniers français et les brasseurs. À une certaine époque, les houblonniers ont exporté la totalité de leur production, au détriment des brasseurs, et la chute du marché de la bière a ensuite mis les houblonniers en difficulté. Cette interprofession du houblon permettra de travailler ensemble à nouveau.
Quel intérêt les brasseurs français ont-ils à se fournir localement ?
La bière n’est pas un produit cher. Produire localement, afin d’éviter les coûts de transport, est dans l’ADN de la brasserie. L’intérêt actuel pour des bières locales pousse les brasseurs à renouer avec cet héritage, et, en cherchant à se fournir autour d’eux, ils créent de nouveaux marchés. L’orge de brasserie, par exemple, est maintenant semé dans des régions comme la Bretagne, ou en Rhône-Alpes Auvergne, où elle était très rare. La future interprofession vise donc à poursuivre ce travail sur le houblon.
En quoi l’interprofession servira-t-elle l’intérêt des producteurs ?
S’engager dans la production de houblon est très risqué. Le développement variétal est long, et il faut attendre au moins trois ans avant l’entrée en production, sans compter les risques inhérents à la culture. L’interprofession permettra, par des contrats garantissant des niveaux de prix, de garantir de la visibilité aux producteurs. Et puis, l’autre but recherché par cette organisation sera d’engager un programme de recherche sur les aspects agronomiques. Notamment pour trouver des variétés plus résistantes à la sécheresse, comme aux maladies.
Quel type de producteurs peut envisager une diversification en houblon ?
Tous ceux qui en ont envie ! Nous avons une grosse défaillance en production actuellement. Pour approvisionner localement toute la brasserie française, nous aurions besoin d’environ 2 000 ha supplémentaires, en plus des 500 existants. Sinon, pour les producteurs intéressés, il faut avoir quelques hectares, mais aussi un climat favorable : le houblon est assez peu résistant à la sécheresse. L’investissement, enfin, est conséquent, et il faut compter une centaine de milliers d’euros par hectare.
Pourquoi l’investissement est-il aussi élevé ?
Il faut planter des piquets pour faire grimper les plantes, acheter du matériel spécifique pour l’entretien et la récolte, et acquérir l’équipement de séchage, puisque les récoltes doivent être immédiatement séchées pour conserver leurs propriétés. Le coût de main-d’œuvre, également, est très important, à la reprise de la végétation comme à la récolte. Ces charges doivent être cependant relativisées par rapport au chiffre d’affaires : avec des rendements de l’ordre de 1,8 t/ha environ, on peut espérer, selon les variétés, vendre entre 5 000 et 25 000 € la tonne.
Où en êtes-vous actuellement de la construction de l’interprofession ?
Nous sommes en train de construire les statuts avec l’ensemble des partenaires. L’interprofession devrait voir le jour d’ici à la fin de l’année.