Installé hors cadre familial à Arpheuilles dans l’Indre, Sébastien Beaufrère cultive 220 ha entre Boischaut Nord et Brenne. Deux régions naturelles aux sols hétérogènes et à potentiel moyen où se côtoient souvent dans la même parcelle limons battants, argile lourde, argilo-calcaire et, en Brenne, du sable.
Limiter l’emploi de produits chimiques
« Depuis mon arrivée voilà cinq ans, j’essaie de mettre en place un assolement diversifié avec des cultures saines en limitant au plus l’emploi de produits chimiques », déclare le jeune agriculteur. Si le blé couvre 80 ha de la sole, le colza 30 ha et le pois d’hiver 15 ha, les cultures de printemps sont très présentes avec 30 ha de tournesol, 10 ha de sorgho et 15 ha d’orge de printemps. Les prairies naturelles occupent le reste.
Après avoir labouré l’intégralité de la surface en cultures de vente l’année de son installation, dès l’année suivante, Sébastien opte pour les TCS (techniques culturales simplifiées) pour passer partiellement au semis direct en 2018. En parallèle, il suit des formations sur le sujet avec la société Agroleague et commence la mise en place de couverts d’interculture destinés à produire de la matière organique et redonner vie aux sols, dans lesquels il implante le blé.
Analyses de sève
« L’idée qui sous-tend ce travail est de réduire autant que possible l’emploi des insecticides et des fongicides de synthèse de même que les fertilisants tout en préservant, voire améliorant le potentiel, poursuit l’exploitant. Pour cela, à l’aide d’analyses de sève, nous vérifions l’état de nutrition de nos cultures à trois stades différents. »
Par exemple, un colza est analysé deux fois à l’automne puis à la reprise de végétation. À 3-4 feuilles, l’agriculteur recueille uniquement des jeunes feuilles, puis à 7-8 feuilles et reprise de végétation vieilles et jeunes feuilles qui sont analysées et dont les résultats sont comparés. Sur blé, les prélèvements ont lieu courant tallage, à épi 1 cm et à dernière feuille étalée. Entre prélèvement et retour du laboratoire des Pays-Bas, il se passe au plus sept jours.
« Les préconisations sont le plus souvent à base d’oligoéléments et de chélatants comme les acides humiques ou fulviques qui facilitent l’absorption, expose Sébastien. Agroleague nous indique une liste de fournisseurs chez lesquels nous trouvons les solutions à base d’algues qui contiennent des acides aminés, des mélasses ou encore des macérations. Nous sommes d’ailleurs incités à préparer nous-mêmes ces dernières afin de limiter le coût des interventions qui reviennent à quelque 15 €/ha. Chaque fois que possible, je laisse un témoin afin de pouvoir estimer l’intérêt de la technique. »
De bons résultats
Depuis trois ans les résultats sont là. Les blés ne reçoivent plus qu’un fongicide à dose réduite à dernière feuille et les pucerons en petit nombre sont gérés par les auxiliaires. « L’an passé, malgré la pluie en cours de moisson, j’ai constaté un bonus de 0,2 à 2 points de poids spécifique sur les blés conduits de cette manière par rapport aux témoins », se félicite l’agriculteur. Sur colza, les interventions à base de vinasse de canne à sucre et d’oligos débutent en octobre et se poursuivent durant la montaison. « À l’automne, avec des plantes très vigoureuses, je n’utilise plus d’insecticides et au printemps très rarement contre méligèthes. Les rendements s’en ressentent avec un gain de quelque 3 q/ha. » Vincent Thècle