«La fusariose de l’épi est une maladie des céréales causée par un complexe d’espèces de champignons pouvant entraîner des pertes importantes de rendement », indique Romain Valade, d’Arvalis. Le traitement fongicide, dans des conditions optimales d’application, n’a que 50 à 75 % d’efficacité, selon des essais de l’institut. Outre l’enjeu économique, il existe un enjeu sanitaire associé aux mycotoxines que ces espèces sont susceptibles de produire dans les grains. Aussi, depuis dix ans, la recherche se mobilise pour une meilleure gestion intégrée de la maladie.
Combiner agronomie et génétique
Deux genres sont principalement impliqués, sur blé tendre et dur : Microdochium et Fusarium. Une vingtaine de mycotoxines produites par les espèces du genre Fusarium sont potentiellement nuisibles pour l’homme. Le déoxynivalenol, ou DON, est la plus abondante en France sur céréales à paille : une teneur maximale de 1 250 µg/kg est fixée par le règlement européen (sauf blé dur, avec 1 750 µg/kg). « La maîtrise de la qualité sanitaire passe par la connaissance précise des populations fongiques, afin de pouvoir utiliser les leviers de la protection intégrée qui sont les plus efficaces contre les agents pathogènes cibles, poursuit le spécialiste. Pour limiter les contaminations en fusariotoxines, la meilleure stratégie est de combiner les pratiques agronomiques avec la lutte génétique, c’est-à-dire l’emploi de variétés résistantes. »
Toutefois, aucune variété ne l’est totalement. En France, un effort de sélection est dirigé vers l’élévation du niveau de résistance à la maladie. La réglementation CTPS (1) facilite ainsi l’inscription des variétés résistantes sous la forme d’un bonus, tandis que celles sensibles sont défavorisées par un malus.
Les traitements à la peine
Afin de réduire le risque de la fusariose, des traitements fongicides sont préconisés à la floraison, stade d’infection optimal des Fusarium. Leur efficacité reste variable et difficile à prédire en fonction des matières actives, de la méthode et du stade d’application mais surtout de la population pathogène dominante sur l’épi. Des cas de résistances sont connus (lire l’encadré). Des solutions de biocontrôle sont en développement mais ne permettent pas, à ce jour, d’atteindre des efficacités suffisantes, même en mélange avec une solution conventionnelle. C’est le cas de Polyversum, à base d’un micro-organisme parasite de Fusarium. Justine Papin
(1) Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées.