Pour un industriel, la qualité d'un lot se mesure selon plusieurs critères. Le calibrage des grains doit être supérieur à 2,5 mm. Le taux de protéines est idéalement compris entre 9,5 et 11,5%, et parfois une prime est accordée lorsque la valeur se situe entre 10,5 et 11,5. Enfin, les malteurs mesurent la faculté de germination du lot, qui indique la capacité de l'orge à être transformée en malt. Un taux de germination de 95% en trois ou cinq jours est souvent exigé.
Les quantités d'azote disponibles pour la plante sont un facteur important du rendement. Néanmoins, un excès d'azote risque d'augmenter la synthèse de protéines par la plante, au-delà des 11,5% tolérés par les acheteurs. Les apports doivent donc se calculer au plus juste et la méthode du bilan trouve ici tout son intérêt. Le rendement potentiel doit être évalué. Plus le rendement visé est fort et plus les quantités de protéines synthétisées à partir d'azote seront diluées. Inversement, si la parcelle ou la variété offrent un potentiel de rendement faible, le risque d'une concentration en protéines dans le grain est plus grand.
«L'orge brassicole est très sensible au tassement du sol», prévient Thierry Denis, d'Arvalis région Nord. Cette année, les conditions d'implantation sont à risques avec un fort taux d'humidité et les objectifs pourraient être revus à la baisse en cas de fort tassement.Une fois la prévision de rendement réalisée, on en déduit le besoin total de la parcelle, sachant que «les besoins de la plante en azote sont de 2,2 kg par quintal, sauf en terrain crayeux ou argilocalcaire irrigué où 2,5 kg sont nécessaires», précise Christine Le Souder, spécialiste fertilisation à Arvalis. Une analyse de sol ou l'étude des précédents culturaux permet d'évaluer les reliquats d'azote disponibles sur la parcelle. La soustraction du besoin total et des reliquats disponibles donne la quantité à apporter sur la parcelle.
«Un semis trop clair peut entraîner une montée de talles secondaires et une proportion de grains verts plus importante», explique Thierry Denis, qui conseille de semer trois cents grains par mètre carré pour viser un peuplement de deux cent cinquante plantes après la levée. «L'excès d'azote a aussi tendance à entraîner la formation de grains de calibres inférieurs dont ne veulent pas les brasseurs», explique Christine Le Souder. Les grains des orges à deux rangs sont souvent de calibre supérieur, et une attention devra être portée au réglage du matériel de moisson, afin qu'il n'y ait pas de dommages à la récolte. La faculté germinative est optimisée, en récoltant l'orge à pleine maturité, à un taux d'humidité si possible inférieur à 15%. Si tel n'est pas le cas, les grains devront être séchés, mais dans des conditions de température modérées pour ne pas tuer le germe.
Les mycotoxines dans le collimateurLe précédent cultural a toute son importance dans la présence de mycotoxines dans les orges. «Les précédents céréales à paille sont plus contaminés que les autres en mycotoxines de type T2 + HT2 », explique Thierry Denis, d'Arvalis en région Nord. De même, le cumul des céréales à paille dans la rotation est un facteur de risques. Les semis les plus tardifs sont ceux qui sont les plus contaminés. Concernant les mycotoxines de type DON, « le précédent betterave ou maïs est plus favorable à son développement», prévient le spécialiste. |
Fractionnement - Efficacité des apportsArvalis conseille de fractionner l'azote en deux apports, «ce qui permet de gagner en efficacité», prévient Christine Le Souder. Néanmoins, si les quantités à apporter sont faibles, un apport unique au semis est envisageable, de même si le semis est effectué tardivement. Dans tous les cas, le deuxième apport ne doit pas se faire au-delà du stade «fin tallage». |