Environ 9,44 millions de tonnes de céréales ukrainiennes ont été exportées depuis le blocage des ports par la Russie, selon l’évaluation dévoilée le 29 août 2022 par Farm Europe. Comment ? Dans le cadre de l’initiative de l’ONU « Black See Grain » et des voies de solidarité de l’Union européenne. Ces dernières ont permis de débloquer 8,6 millions de tonnes de céréales : 2,8 millions de tonnes en juillet, 2,5 millions de tonnes en juin, 2 millions de tonnes en mai et 1,3 million de tonnes en avril via des voies terrestres alternatives et les ports européens.
Pays tiers dépendants
Mais ces voies de solidarité n’ont pas permis d’atteindre les pays tiers qui dépendent beaucoup des céréales ukrainiennes à l’instar de la Somalie (100 %), du Bénin (100 %), du Laos (94 %), de l’Égypte (82 %), du Soudan (75 %), de la République démocratique du Congo (69 %), du Sénégal (66 %) et la Tanzanie (64 %). Selon la dernière réunion entre les commissions de l’agriculture et des transports du Parlement européen le 11 juillet 2022, seules 138 000 t ont été exportées par la Roumanie et la Pologne.
Des mesures d’urgence supplémentaires ont donc été mises en place à la fin de juillet par les Nations unies, en coordination avec des représentants de la Turquie, de la Russie et de l’Ukraine. « Le déblocage des exportations ukrainiennes par voie maritime était essentiel pour libérer les plus de 20 millions de tonnes de céréales qui étaient bloquées dans les ports ukrainiens, pour une valeur d’environ 10 milliards de dollars », insiste Farm Europe. Ces 20 millions de tonnes sont constituées d’environ 6,6 millions de tonnes de blé, 13,6 millions de tonnes de maïs et 400 000 t d’orge.
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Encore 12,55 millions de tonnes à sortir
L’accord entre les différentes parties a ainsi permis d’exporter depuis le 1er août, 845 500 t en provenance des ports d’Odessa, de Chornomorsk et de Pivdennyi. Au total, 9,44 millions de tonnes de céréales ont donc été sorties des silos, ce qui représente près de la moitié des céréales bloquées au début de la guerre. Il reste encore 12,55 millions de tonnes de la récolte de 2021 à sortir.
Quant à la récolte céréalière de la prochaine campagne, elle devrait atteindre seulement 52,2 millions de tonnes, selon l’USDA : 25 millions de tonnes de maïs, 21,5 millions de tonnes de blé et 5,7 millions de tonnes d’orge. Elle avait atteint 84,6 millions de tonnes pour la campagne de 2021-2022. Les récoltes sont affectées par la perte de terres due à la guerre et une réduction de 40 % des rendements en raison du manque de disponibilité et d’accès aux intrants agricoles.
« Le stockage et le développement de nouvelles voies logistiques avec l’arrivée de la nouvelle récolte restent une question essentielle », alerte Farm Europe. Selon l’organisation, les agriculteurs ukrainiens peuvent compter sur une capacité de stockage de 75 millions de tonnes dans des circonstances normales.
Selon les dernières estimations de la FAO :
- 30 % de ces capacités de stockage sont remplies par les céréales de la dernière récolte ;
- 14 % des installations de stockage n’étaient pas fonctionnelles en raison de dommages ou de destruction ;
- 0 % n’était pas fonctionnelle en raison du contrôle russe dans les zones envahies.
Il reste ainsi 35 à 45 millions de tonnes de capacités de stockage, soit un déficit pour couvrir les besoins entre 10 et 20 millions de tonnes. Ce déficit « ne sera que partiellement couvert par l’initiative conjointe lancée par le Japon, le Canada et les Nations unies », juge Farm Europe.
Selon le gouvernement ukrainien, 3 millions de tonnes de céréales seront exportées par les ports ukrainiens en septembre et 4 millions de tonnes de plus en octobre.