«En mai dernier, mes vaches ont présenté des symptômes semblables à une grippe : diarrhées, baisse de la production laitière et des taux, et augmentation des mammites », retrace Laurent Richard, installé à Chalaines, dans la Meuse.
Toutefois, l’éleveur doute de son diagnostic. « Le vétérinaire a passé en revue tous les paramètres d’élevage (hygiène, ambiance en bâtiment, parasitisme), sans relever de problème. L’équilibre de la ration à base de maïs a également été vérifié. »
À cette période, Laurent terminait un silo d’ensilage récolté en 2017. « Il restait dans le fond du maïs de 2016. » Un détail qui retient l’attention de son vétérinaire, qui lui suggère de faire analyser son maïs pour le dosage de mycotoxines. « J’étais sceptique, d’autant que le fourrage présentait un bon aspect », reconnaît-il. Malgré un coût de 150 €, il franchit le pas.
Trois semaines plus tard, les résultats tombent : le maïs est positif en mycotoxines. « Nous avons relevé la présence de déoxynivalénol, une toxine de fusariose (lire l’encadré ci-dessous) qui provoque des troubles de la digestion, de l’immunité, et une diminution de la production laitière, rapporte Jérôme Larcelet, expert en nutrition chez Optival. Les teneurs sont faibles, de l’ordre de quelques milligrammes par kilo de matière sèche, mais suffisent à affecter le troupeau. »
Traitement efficace
Pour endiguer l’intoxication, Laurent recourt à un produit pulvérulent à base d’argiles et d’enzymes permettant de « fixer » les mycotoxines par polarité. Il l’emploie à raison de 70 g par vache et par jour pendant six semaines et l’incorpore directement dans la mélangeuse. « C’est très coûteux, de l’ordre de 0,28 € par vache et par jour, expose l’éleveur. Mais je ne pouvais pas me permettre de jeter mon ensilage. »
Deux semaines après le début du traitement de la ration, la situation s’améliore. « Les diarrhées ont disparu, la production laitière journalière est passée de 27 à 29,5 kg, le TB de 38 à 41,5 g/kg et le TP de 31 à 32,8 g/kg. Nous avons cessé d’utiliser le capteur de mycotoxines depuis que nous avons terminé le silo contaminé. Pour l’heure, nous ne constatons plus de problèmes sur les vaches. »